Cours de chimie organique - G. Dupuis - Lycée Faidherbe de Lille





Alcènes et autres composés éthyléniques



Généralités

Nomenclature
On appelle alcènes, les hydrocarbures insaturés non cycliques de formule CnH2n. La chaîne principale est celle qui comporte le plus grand nombre de liaisons et, le cas échéant, le plus grand nombre d'atomes de carbone. Le nom du composé dérive de celui de l'alcane en remplaçant la terminaison ane par ène. La position de la double liaison est indiquée par le numéro de l'atome de carbone doublement lié qui possède l'indice le plus petit. La numérotation est effectuée de façon que la double liaison ait l'indice le plus faible.

1

2

3

4

méthylpropène

but-1-ène

(Z)-but-2-ène

(E)-but-2-ène

Les composés éthyléniques constituent un ensemble plus large que les alcènes, de composés comportant une double liaison carbone-carbone. Les hydrocarbures cycliques ayant une double liaison ou cyclènes appartiennent à cette catégorie. On notera qu'une double liaison éthylénique ne constitue pas un groupe fonctionnel puisqu'elle fait partie de la chaîne carbonée.

Quelques alcènes importants

L'éthène est l'alcène le plus important sur le plan industriel. Il est produit par craquage d'hydrocarbures. Environ la moitié de l'éthène produite est utilisée pour préparer les polyéthylènes (basse densité et haute densité). L'autre moitié permet la préparation de composés importants :
  • le 1-chloroéthane sert à la préparation du chlorure de vinyle ;
  • l'oxyde d'éthylène ou oxacyclopropane est le produit de base de la synthèse de l'éthane-1,2-diol qui entre dans la composition des antigels et sert à la synthèse de polyesters ;
  • l'oxydation par le procédé Wacker fournit l'éthanal.
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Le propène est le deuxième composé éthylénique le plus important comme produit de base de l'industrie chimique. Il est produit par craquage d'hydrocarbures. La part la plus importante sert à la synthèse du polypropène (polypropylène). Le reste permet la préparation des composés suivants : Display : spacefill ball & stick sticks wireframe

Composés éthyléniques naturels
Les terpènes constituent un groupe important de composés éthyléniques naturels. Ils dérivent formellement de
l'isoprène

La molécule de gauche est celle de longifolène, un sesquiterpène naturel produit par plusieurs variétés de conifères. C'est en effectuant la synthèse de cette molécule que le chimiste américain E. J. Corey (prix Nobel de Chimie 1990) développa pour la première fois la notion d'analyse rétrosynthétique (1957) [64].


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Cyclènes
Les cyclènes sont des hydrocarbures de formule CnH2n-2. Les cycles moyens possédant 5 ou 6 atomes de carbone possèdent une réactivité comparable à celle des alcènes. Certains cyclènes possèdent un plan de chiralité. Le trans-cyclooctène est dédoublable en deux énantiomères.

Diènes, polyènes
Les diènes sont des composés éthyléniques qui possèdent deux liaisons doubles. Leur étude est faite dans le chapitre consacré aux composés conjugués. A côté des diènes dont les doubles liaisons sont éloignées et qui se comportent comme des éthyléniques ordinaires, on distingue :

Le barrelène (bicyclo[2.2.2]octa-2,5,7-triène) est un composé éthylénique synthétisé par le chimiste américain H. E. Zimmerman en 1960.
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Propriétés physiques

Structure de l'éthène
La simple connaissance de la formule brute C2H4 est en faveur d'une liaison double entre les atomes de carbone. Le tableau suivant rassemble des données expérimentales relatives à l'éthane et à l'éthène.

Liaison

Longueur (nm)

Energie (kJ.mol-1)

C-C

0,154

347

C=C

0,133

606

Les énergies de dissociation des liaisons peuvent être déterminées de façon indirecte à partir de la mesure des enthalpies d'hydrogénation et de combustion. Elles sont relatives à une phase gazeuse. La liaison entre les atomes de carbone dans l'éthène est plus courte et plus énergétique que dans l'éthane. Notons que l'énergie de dissociation de cette liaison double est plus petite que le double de celle d'une liaison simple. Dans le formalisme simplifié s, p, on exprime parfois ce résultat en disant qu'une liaison p est plus fragile qu'une liaison s.

Molécule d'éthène

Les expériences de diffraction montrent que les atomes de carbone et d'hydrogène sont situés dans un même plan. La molécule présente trois plans de symétrie :

  • le plan contenant tous les atomes (xOy) ;
  • le plan perpendiculaire à la liaison C-C (yOz) ;
  • le plan passant par les atomes de carbone et bissectant l'angle entre les liaisons C-H (xOz).

Géométrie et isomérie
Les atomes impliqués dans la liaison double ont une géométrie localement plane. L'existence de la double liaison chez les alcènes bloque la libre rotation des groupes qui lui sont attachés. Elle est à l'origine de la diastéréo-isomérie Z, E.
Notons que l'isomérisation photochimique du rétinal de stéréochimie E en néorétinal de stéréochimie Z est à la base du mécanisme de la vision.

Constantes physiques
Les alcènes ont des propriétés physiques assez comparables à celles des alcanes. Il est intéressant de noter des différence de propriétés assez fines entre des alcènes stéréoisomères comme l'illustre le cas des but-2-ène. Ces différences de propriétés physicochimiques permettent de distinguer expérimentalement ces stéréoisomères.

composé

moment dipolaire (D)

température d'ébullition (°C)

(Z)-But-2-ène

0,4

4

(E)-But-2-ène

0

1

Orbitales moléculaires

Niveaux d'énergie, formalisme simplifié s, p
Les considérations de symétrie précédentes sont très importantes pour l'application de la théorie des orbitales moléculaires. Une simplification importante intervient pour les molécules qui comme l'éthène sont planes. La réflexion par rapport au plan de la molécule (xOy) permet de séparer les orbitales moléculaires en deux groupes :

Notons que ces dénominations simplificatrices proviennent d'une extension de la terminologie qui n'est valable en toute rigueur que pour les molécules linéaires.


L'étagement des niveaux d'énergie moléculaires peut être obtenu par le calcul. Il est possible de le vérifier expérimentalement dans une certaine mesure en utilisant les techniques de spectroscopie photoélectronique et de spectroscopie électronique pour l'analyse chimique (ESCA).
Le diagramme complet des orbitales moléculaires de l'éthène comporte 12 niveaux. L'image de gauche représente un diagramme simplifié ne comportant que les orbitales de symétrie p et celles de symétrie s respectivement liante et antiliante pour tous les atomes de la molécule.

  • Les deux orbitales correspondant aux niveaux dont l'énergie est négative sont liantes. Ces niveaux sont occupés chacun par deux électrons dans l'état fondamental. Celles qui correspondent à des niveaux d'énergie positive sont antiliantes. L'ordre de liaison est deux.
  • L'écart entre les niveaux s liant et s* antiliant est supérieur à celui existant entre les niveaux p liant et p* antiliant.

Méthode de Hückel
L'étude de la molécule d'éthène a été faite dans le chapitre consacré à la
méthode de Hückel simple (HMO) et en utilisant la méthode de Hückel étendue (EHMO)

Le tableau suivant regroupe les valeurs numériques des énergies et des coefficients des orbitales atomiques dans les orbitales moléculaires (HMO) :

Energie

Ci1

Ci2

E1 = a + b

0,707

0,707

E2 = a - b

0,707

-0,707


Les orbitales moléculaires (HMO) ont pour expression :

j1 = 0,707 c1 + 0,707 c2
j2 = 0,707 c1 - 0,707 c2

Orbitales frontières (HMO)
La plus haute orbitale moléculaire occupée et la plus basse orbitale vacante sont appelées
orbitales frontières. La connaissance des énergies et des propriétés de symétrie de ces orbitales moléculaires est particulièrement intéressante pour étudier la réactivité de la molécule dans le cas où la réaction est sous contrôle orbitalaire. Les électrons p sont les plus mobiles et les plus facilement polarisables lors de l'interaction de la molécule avec un réactif extérieur.

Les orbitales frontières de la molécule d'éthène :
  • la plus haute orbitale occupée HO ou HOMO est l'orbitale p
    j1 = 0,707 c1 + 0,707 c2
  • la plus basse orbitale vacante BV ou LUMO est l'orbitale p*
    j2 = 0,707 c1 - 0,707 c2
    .

Plusieurs applications sont étudiées dans le chapitre relatif aux orbitales frontières.

Spectroscopie

Spectroscopie infrarouge
La vibration de valence de la double liaison absorbe vers 1650 cm-1. Les fréquences d'absorption des vibrations de déformation des liaisons C-H sont également précieuses pour identifier les structures. Quelques absorptions caractéristiques sont données ci-dessous.

Composé

s (cm-1)

890

915 & 995

970

Exemple 1 : spectre infrarouge du cyclohexène

Exemple 2 : spectre infrarouge du 1, 1-dichloroéthène

Spectroscopie de RMN

Hydrogénation

Conditions expérimentales
La réaction entre le dihydrogène H2 et un composé éthylénique est une réaction d'addition. Elle est interdite pour des raisons de symétrie orbitalaire et n'est réalisable à une vitesse raisonnable qu'avec l'aide d'un catalyseur hétérogène ou un catalyseur homogène permettant de lever cette interdiction. D'un point de vue thermodynamique, la réaction est fortement exothermique. Elle est donc favorisée par une température pas trop élevée. Concrètement, elle est quasi-totale dans les conditions normales de température et de pression. Le rendement est de l'ordre de 90 %.
Puisqu'un catalyseur accélère aussi bien la réaction directe que la réaction inverse, la déshydrogénation d'un hydrocarbure saturé est également envisageable mais elle constitue surtout une méthode industrielle en raison de son manque de sélectivité.

Comparaison de la stabilité des alcènes
La réaction d'hydrogénation peut être mise à profit pour évaluer la différence de stabilité entre alcènes stéréoisomères. Raisonnons sur les diastéréoisomères Z et E du but-2-ène.



L'hydrogénation du (Z)-but-2-ène dégage une énergie de -118,9 kJ.mol-1. Celle du (E)-but-2-ène dégage -114,6 kJ.mol-1.
On en déduit l'enthalpie de la réaction suivante :

-118,9 - (-114,6) = - 4,3 kJ.mol-1


Le stéréoisomère E est donc plus stable que le stéréoisomère Z

Cette différence de stabilité peut s'interpréter par des contraintes stériques entre les groupes méthyle qui sont plus importantes dans l'isomère Z que dans l'isomère E.

(<I>E</I>)-But-2-ène

(<I>Z</I>)-But-2-ène

Stéréochimie
L'addition de H2 sur le 3, 4-diméthylhex-3-ène de configuration Z fournit de façon quasi-exclusive le (3R, 4S)-3, 4-diméthylhexane achiral.
Le (3R, 4R)-3, 4-diméthylhexane et son énantiomère le (3S, 4S)-3, 4-diméthylhexane, tous trois diastéréo-isomères du précédent ne sont pas obtenus. La réaction est donc diastéréosélective. Les atomes d'hydrogène se sont fixés du même côté de la double liaison. La stéréochimie de l'addition est syn.

Dans des conditions comparables, l'addition de H2 sur le 3, 4-diméthylhex-3-ène de configuration E, fournit de façon quasi-exclusive le mélange racémique des énantiomères (3R, 4R) et (3S, 4S) du 3, 4-diméthylhexane. Elle est aussi, stéréosélective et la géométrie de l'addition est également syn.

Deux substrats stéréoisomères fournissent dans les mêmes conditions des produits diastéréoisomères. La réaction d'hydrogénation est donc diastéréospécifique. La stéréochimie de l'addition est syn.

Dans l'exemple ci-dessous, impliquant un composé bicyclique ponté, l'hydrogène se fixe préférentiellement sur la face exo la moins encombrée.

Catalyseurs utilisés en catalyse héterogène
L'hydrogénation catalytique utilisant un métal de transition a été découverte par le chimiste français P. Sabatier (prix Nobel 1912 conjointement avec G. Grignard) [39]. Sabatier utilisait du nickel préparé par réduction de NiO par le dihydrogène.

Le nickel de Sabatier est surtout utile quand on veut effectuer des hydrogénations sélectives. Des catalyseurs plus actifs sont utilisés :

Nickel de Raney

Le Nickel de Raney, mis au point par l'ingénieur américain Murray Raney, est préparé en attaquant un alliage Ni-Al par une solution aqueuse d'hydroxyde de sodium. L'aluminium, fortement réducteur, réduit l'eau en milieu basique et passe en solution pour donner des ions complexes [Al(OH)4]-. Il reste le nickel sous forme d'une poudre noire très fine, possédant une grande surface active. Les termes anglais : spongy nickel ou skeletal nickel désignant ce catalyseur, reflètent bien sa structure alvéolaire. Le nickel de Raney doit être conservé dans l'eau car il est pyrophorique. (photographie G. D.)

Mécanisme et cinétique
Le caractère syn de l'addition peut être interprété grâce au modèle suivant dans lequel les réactifs adsorbés à la surface du catalyseur sont dans une disposition géométrique favorable pour la réaction d'addition.

Le mécanisme précédent explique l'influence sur la vitesse de réaction du nombre et de la position des substituants autour de la double liaison. La vitesse diminue quand le degré de substitution croit car les électrons de la double liaison sont moins accessibles.

On peut mettre à profit les différences de vitesse d'hydrogénation pour réaliser des hydrogénations sélectives. Dans l'exemple ci-dessous, l'hydrogénation de la double liaison la plus accessible du limonène est réalisée sélectivement sous contrôle cinétique.

Un autre exemple est celui d'une étape d'hydrogénation sélective dans l'hémisynthèse de la progestérone selon un procédé due à R. Marker.

Catalyse homogène
L'hydrogénation peut aussi être réalisée en milieu homogène en utilisant un catalyseur soluble comme le catalyseur de Wilkinson. La réaction d'addition est stéréospécifique, de stéréospécificité syn.

L'exemple suivant illustre la grande chimiosélectivité de la réaction. Parmi les insaturations présentes dans la molécule, seule la double liaison éthylénique la moins encombrée est hydrogénée.

Catalyseur de Wilkinson

L'image de gauche représente un modèle compact de [RhCl(PPh3)3]. Ce composé de couleur rouge-violet a été synthétisé pour la première fois par G. Wilkinson et J. A. Osborn en 1966. Il peut être préparé par réaction entre la triphénylphosphine et le trichlorure de rhodium dans l'éthanol.

Le complexe possède une structure plan-carré légèrement distordue. C'est un catalyseur chimiosélectif particulièrement efficace permettant l'hydrogénation en phase homogène des doubles liaisons éthyléniques [14] peu encombrées. Notons que le rhodium est l'un des éléments les plus rares sur la planète et aussi l'un des plus chers.

Hydrogénation énantiosélective
L'hydrogénation d'un composé éthylénique comportant des atomes de carbone prochiraux peut être effectuée de façon
énantiosélective en présence de catalyseurs chiraux solubles. De tels catalyseurs sont capables de distinguer les faces énantiotopiques d'une double liaison. Le premier exemple de réaction de ce type est dû au chimiste américain W. S. Knowles en 1968. Il concerne l'hydrogénation d'un dérivé substitué du styrène.

L'excès énantiomérique de 15 % obtenu dans cette réaction est modeste mais il a ouvert la voie à la recherche de catalyseurs plus performants. Le premier catalyseur d'hydrogénation réellement efficace a été mis au point par le chimiste français H. B. Kagan en 1971 (prix Wolff de chimie 2001 avec K. B. Sharpless et R. Noyori.) Le ligand est une diphosphine chirale de symétrie C2 appelée DIOP (DIphosphine OPtiquement active) obtenue à partir d'un acide tartrique chiral.
Plusieurs catalyseurs d'hydrogénation énantiosélective ont été mis au point ces dernières années. Citons deux exemples :

Application : synthèse de la L-DOPA
La L-DOPA ou acide acide (2S)-2-amino-3-(3,4- dihydroxyphényl)-propanoïque (pouvoir rotatoire spécifique : [a]D = - 11,5 °.g-1.cm3.dm-1), est le précurseur d'un neuromédiateur, la dopamine, dont la déficience dans l'organisme est à l'origine de la maladie de Parkinson [76]. C'est l'un des seuls médicaments dont on dispose actuellement pour lutter contre cette maladie. Sa synthèse a été réalisée par W. S. Knowles en 1975 (prix Nobel de chimie 2001 avec K. B. Sharpless et R. Noyori ; [20]). Le procédé mis au point par Knowles pour Monsanto a permis une préparation à l'échelle industrielle à partir de la vanilline. Ce procédé n'est plus utilisé de nos jours.

L'étape clé de la réaction est la fixation des atomes d'hydrogène sur l'une des faces prochirales de la double liaison du composé éthylénique. Le catalyseur utilisé est un complexe du rhodium dérivé du catalyseur de Wilkinson, possédant une diphosphine chirale (DIPAMP) comme ligand (COD désigne le 1,5-cyclooctadiène.)

DiPAMP


L'image de gauche représente la diphospine DIPAMP, ligand chiral d'un complexe du ruthénium utilisé par W. S. Knowles dans la synthèse industrielle de la L-DOPA représentée ci-dessous :

Voir : [75] et [83]

Halogénation

Résultats expérimentaux
L'une des premières synthèses industrielles du dichloroéthane, qui est un intermédiaire dans la synthèse du chlorure de vinyle, consistait en une réaction d'addition entre l'éthène et le dichlore.

On lui préfère actuellement le procédé d'oxychloration dans lequel l'élément chlore est apporté par le mélange O2 / HCl.

Les composés éthyléniques additionnent facilement Cl2 et Br2 pour conduire à des dérivés dihalogénés vicinaux. F2 très oxydant détruit la molécule. Avec I2 peu réactif, la réaction conduit à un équilibre défavorable au produit. La réaction s'effectue par union directe dans les conditions normales de température et de pression. Les solvants utilisés sont CH2Cl2, CHCl3, CCl4, AcOH.

Test analytique des doubles liaisons éthyléniques
La réaction de bromation peut être utilisée comme test des doubles liaisons éthyléniques. Sur la photographie (I) l'erlenmeyer contient une solution de dibrome Br2 dans CCl4 (on observe les vapeurs de Br2 qui s'échappent de la solution). L'ajout de quelques gouttes d'hex-1-ène provoque une décoloration rapide de la solution (photos II et III).

gants+hotte

gants+hotte

gants+hotte

I

II

III

Cette méthode peut être utilisée pour tester la présence de doubles liaisons dans les corps gras.
Le tribromure de pyridinium présente une alternative intéressante à l'utilisation du dibrome en raison de sa simplicité d'emploi.

Stéréochimie
L'addition de Br2 sur le (E)-but-2-ène fournit quasi exclusivement le (2R, 3S)-dibromo-2,3-butane. Ce composé est achiral car la molécule possède un plan de symétrie. Il s'agit d'un composé méso. Puisqu'on obtient un seul stéréoisomère parmi plusieurs pouvant se former a priori, la réaction de bromation est diastéréosélective.

En utilisant les mêmes conditions expérimentales, la réaction effectuée sur le (Z)-but-2-ène, fournit exclusivement le mélange des énantiomères de configurations absolues (2R, 3R) et (2S, 3S) (couple like).

Deux substrats diastéréo-isomères fournissent des produits diastéréo-isomères. La réaction de bromation est par conséquent diastéréospécifique de stéréochimie anti.

Mécanisme
Il s'agit d'un mécanisme par stades :

Remarque : la formule d'un ion bromonium avec la charge positive au niveau du brome est trompeuse. Ce sont bien les atomes de carbone qui sont électrophiles.
Ce mécanisme rend compte de la stéréospécificité anti de la réaction.

Ions halonium
Les ions bromonium sont des intermédiaires très réactifs qui ne sont généralement mis en évidence que par des méthodes spectrales. Certains ont pu être isolés comme celui de l'exemple ci-dessous.

Le substrat de départ de cette réaction peut être obtenu par couplage de Mc Murry entre deux molécules d'adamantanone.

Ion bromonium

L'intervention d'ions bromonium dans les réactions de bromation a pu, dans certains cas, être démontrée de façon directe. G. Olah (1968) a ainsi mis en évidence par spectroscopie de RMN, les ions bromonium formés à partir du 1-bromo-2-fluoropropane en milieu superacide [61].

La bromation des liaisons éthyléniques peut parfois être moyennement stéréosélective lorsqu'un carbocation raisonnablement stable peut se former à partir de l'ion bromonium.

Iodoéthérification
On obtient un
éther. La source d'iode cationique est le N-iodosuccinimide (NIS) (l'azote est plus électronégatif que l'iode).

La réaction permet la préparation de furannes substitués.

Le mécanisme est donné ci-dessous :

La réaction suivante est une étape de la synthèse de l'histrionicotoxine une substance extraite de la peau de grenouilles venimeuses.

Iodolactonisation
Dans l'iodolactonisation, un acide carboxylique g-insaturé est cyclisé en
lactone substituée.

Le mécanisme fait, comme précédemment, intervenir un ion iodonium.

Ce dernier est ensuite rapidement ouvert dans une réaction intramoléculaire où l'oxygène joue le rôle de nucléophile.

La réaction peut être rendue diastéréosélective [37]

Protection des doubles liaisons éthyléniques
L'oxydation du
cholestérol en milieu acide, pose le problème de l'isomérisation de la cholest-5-ène-3-one en cholest-4-ène-3-one, une cétone conjuguée plus stable [16] . Une solution consiste à bloquer la double liaison éthylénique.

En présence d'un acide comme l'acide oxalique, la cétone obtenue est isomérisée en cétone conjuguée plus stable. Cette suite de réaction a souvent été utilisée dans la chimie des stéroïdes. On la retrouve dans l'hémisynthèse de la progestérone selon le procédé de R. Marker.

Utilisation du tribromure de pyridinium
Le tribromure de pyridinium est un agent bromant introduit par C. Djerassi en 1948
[56]. Dans la littérature anglo-saxone, le tribromure de pyridinium est généralement appelé : "pyridinium bromide perbromide" (en abrégé PBP). Les ions tribromure ont une structure analogue à celle des ions triodure, c'est à dire quasi linéaire. Dans la méthode VSEPR, ils correspondent au type AX2E3.

Dans le solide, l'ion pyridinium joue un rôle stabilisateur vis à vis de l'anion tribromure. En solution, on observe l'équilibre suivant.

En présence d'un composé susceptible de réagir avec le dibrome, l'équilibre est déplacé vers la droite. Le PBP se comporte donc comme une source de dibrome. Puisque celui-ci est rapidement consommé, sa proportion à l'état libre en solution est toujours très faible, ce qui évite beaucoup des problèmes liés à son utilisation.

Avec un alcène, l'addition est stéréospécifique de stéréochimie anti. Pour un composé éthylénique dans lequel des groupes stabilisent les cations ouverts, comme le phénylpropène, ou le 1,2-diphényléthène, la stéréosélectivité est meilleure qu'avec le dibrome. Dans l'exemple suivant, en partant d'un substrat de stéréochimie E, on obtient le composé méso.

A la température ordinaire le tribromure de pyridinium se présente sous la forme de cristaux de couleur orange fondant à 132-137 °C. L'ensemble de la préparation doit être conduite sous une hotte bien ventilée. Dans un erlenmeyer plongé dans un bain de glace, on mélange en agitant, 15 mL de pyridine avec 30 mL d'une solution aqueuse de HBr à 48 %. On ajoute alors 25 g de dibrome par petites portions. Le produit cristallise. Le composé brut peut être recristallisé dans l'acide acétique (référence : [3]). Attention : ce composé est toxique et provoque des brûlures sur la peau.

. Notons que le PBP est également utilisé dans l'halogénation en a des cétones.

Réactif de Wijs
Le chlrorure d'iode ICl (réactif de Wijs) s'additionne rapidement et de façon quantitative sur les doubles liaisons éthyléniques.

Cette réaction est à la base de la détermination du nombre d'insaturation dans les
corps gras. Le composé fixe autant de molécules de ICl qu'il y a de doubles liaisons dans le substrat.

D'un point de vue pratique, ICl est introduit en excès dans le milieu réactionnel. Le chlorure d’iode qui n’a pas réagi est détruit par une solution aqueuse d’iodure de potassium. Par réaction entre les ions iodure et le chlorure d’iode il se forme des molécules de diiode et des ions chlorure.

Finalement, le diiode est dosé par une solution de thiosulfate de sodium.

Réactif de Wijs

Le réactif de Wijs peut être préparé en faisant réagir le trichlorure d'iode ICl3 (7,8 g) et le diiode I2 (8,5 g) dans 250 mL d'acide acétique pur (glacial) à chaud. Après refroidissement, on complète le mélange à 1 L avec de l'acide acétique pur.

Le chlorure d'iode est un composé toxique. Il faut le maniupler avec précautions en se munissant de gants et de lunettes.

Addition des hydracides

Résultats expérimentaux
La réaction entre HBr dissous dans l'acide éthanoïque et le méthylpropène à 20 °C donne essentiellement du 2-bromo-2-méthypropane (1) et seulement des traces de 1-bromo-2-méthylpropane (2).

La réaction est donc une addition fortement régiosélective.

Mécanisme
Il s'agit d'un mécanisme par stades.

La régiosélectivité s'explique par la formation du carbocation le plus stable.

Remarque : une addition anti de HBr est parfois observée. Elle s'interprète par la formation d'un complexe entre le composé éthylénique et l'hydracide.

Puisque le mécanisme fait intervenir un carbocation, on peut observer des réactions de transposition de type Wagner-Meerwein. C'est le cas, par exemple, dans la réaction suivante de préparation de l'acétate d'isobornyle à partir du camphène qui constitue une étape de la synthèse industrielle du camphre.

Hydratation

Résultats expérimentaux
L'addition d'eau sur un composé éthylénique s'appelle hydratation. Elle conduit à la formation d'un alcool. Avec les alcènes substitués qui forment facilement des carbocations, il suffit d'utiliser un acide dilué. L'ion H+ est alors un catalyseur de la réaction :

Lorsque le substrat éthylénique est dissymétrique. La réaction est fortement régiosélective.

Avec les alcènes moins substitués, donc moins réactifs, la formation du carbocation est plus difficile. On utilise de l'acide sulfurique concentré. La réaction est différente car il se forme un sulfate d'alkyle intermédiaire.

Le sulfate d'alkyle est ensuite hydrolysé par l'eau.

Mécanisme
Il ressemble beaucoup à celui décrit pour l'addition de HBr. Il s'agit d'un mécanisme par stades. On peut regarder cette réaction comme la réaction inverse de la déshydratation des alcools.

La régiosélectivité s'explique, comme dans le cas de l'addition de HBr, par la formation du carbocation le plus stable.
L'hydratation telle que nous venons de la décrire n'est pas un procédé utilisé en synthèse. On préfère utiliser l'oxymercuration qui est beaucoup plus régiosélective et non sujette aux réactions de transpositions.

Hydratation énantiosélective de l'acide fumarique
L'hydratation de l'acide (E)-butanedioïque ou acide fumarique constitue l'une des étapes du cycle de Krebs. La réaction est énantiosélective. Le produit de cette réaction est l'acide (2S)-2-hydroxybutanedioïque ou (L-malique). Afin de préciser le mécanisme de la réaction, l'hydratation a été effectuée en utilisant de l'eau lourde.

On obtient le (2S, 3R)-2-deutéroxy-3-deutérobutanedioïque, représenté à droite en utilisant la représentation de Cram et la projection de Fischer. Les faces des atomes de carbone sont des faces énantiotopiques. Le groupe OD se fixe sur la face si de l'atome de carbone 2 tandis que le deutérium se fixe sur la face re de l'atome de carbone 3. La stéréochimie de l'addition est donc anti.

Règle de Markovnikov

Enoncé historique
Cette règle énoncée par le chimiste russe V. V. Markovnikov en 1868 constitue l'une des premières et des plus célèbres tentatives de rationalisation de résultats expérimentaux en chimie organique. Il s'agissait à l'origine d'une règle empirique qui concernait l'addition des hydracides halogénés sur les alcènes dissymétriques. Markovnikov avait reconnu le caractère très régiosélectif de cette addition. La règle permet de prévoir l'atome de carbone sur lequel se fixe l'hydrogène de l'hydracide :

Lors de l'addition d'un hydracide sur un alcène dissymétrique l'atome d'hydrogène se fixe sur l'atome de carbone le moins substitué.

Examinons l'exemple de l'addition de HBr sur le méthylpropène. On obtient effectivement de façon quasi exclusive le 2-méthyl-2-bromopropane.

Nature du contrôle
Le problème se pose de savoir si la régiosélectivité observée est le fruit d'un contrôle cinétique ou d'un contrôle thermodynamique de la réaction. Il est possible d'étudier l'équilibre entre les dérivés halogénés P1 et P2 et la constante de cet équilibre a été déterminée expérimentalement. On trouve : K = 4,5. Si la réaction était sous contrôle thermodynamique on obtiendrait une quantité non négligeable du produit P2 compte-tenu de cette valeur de K. Plus précisément, on aurait les pourcentages suivants :

Expérimentalement, on constate l'absence quasi totale de P2. Une telle régiosélectivité ne peut donc pas résulter d'un contrôle thermodynamique. On doit par conséquent conclure à un contrôle cinétique de la réaction.

Du fait de ce contrôle, les pourcentages de produits s'expliquent en comparant les énergies des états de transition pour l'étape cinétiquement déterminante du mécanisme. Le postulat de Hammond permet de ramener cette discussion à la comparaison des énergies des carbocations intermédiaires.

Puisque I1 est plus stable que I2 , il se forme plus vite et le produit qui en résulte est donc plus abondant. Le diagramme représentant les enthalpies libres molaires standard de formation des réactifs et des produits est représenté ci-dessous.

Généralisation de la règle de Markovnikov
L'expérience montre que de nombreuses additions de réactifs dissymétriques s'effectuent sous
contrôle cinétique par un mécanisme ionique impliquant un carbocation ou un ion positif ponté. En plus de l'addition des hydracides et de l'hydratation déjà cités citons l'addition de dérivés interhalogénés comme ICl ou des acides hypohalogéneux (ClOH, BrOH). Schématisons par Ad -- Hd+ le réactif dissymétrique. La règle de Markovnikov peut être généralisée :

Lors de l'addition d'un réactif Ad -- Hd+ sur un composé éthylénique dissymétrique, Ad - se fixe préférentiellement sur l'atome de carbone qui stabilise le mieux une charge positive.

Lorsque le composé éthylénique est un alcène, l'atome de carbone qui stabilise le mieux une charge positive est celui qui est substitué par le plus grand nombre de groupes alkyles. Dans le cas des alcène substitués, la méthode des perturbations fournit un cadre théorique commode pour rationaliser ce résultat. Pour les alcènes fonctionnalisés, la situation est plus délicate et il faut examiner chaque cas.

Interprétation électronique de la règle de Markovnikov
Nous allons raisonner dans le cas du propène en appliquant les résultats de la
méthode des perturbations. Le propène peut être considéré comme résultant de l'interaction entre une molécule d'éthène et un fragment méthyle. Ce dernier sera considéré dans le modèle à deux électrons et décrit par une orbitale d'énergie a + 2 b. Pour l'éthène, nous prendrons les orbitales moléculaires obtenues à partir de la méthode de Hückel simple.

Le calcul complet par la méthode des perturbations est effectué aux références [72] et [74]. Le diagramme d'énergie est le suivant.

Les orbitales moléculaires du propène peuvent s'exprimer en fonction de celles de l'éthylène F1 et F2 ainsi que du fragment méthyle F3.

Les valeurs des coefficients des orbitales moléculaires normalisées sont résumés dans le tableau suivant :

Energie

Ci1

Ci2

Ci3

E3 = a - 1,08b

- 0,668

0,726

- 0,165

E2 = a + 0,75b

0,707

0,552

- 0,441

E1 = a + 2,33b

0,207

0,413

0,877

De l'étude précédente ressort deux conséquences :

Une autre façon d'aborder le problème de la régiosélectivité est d'examiner la dureté des carbocations intermédiaires. Conformément au principe de dureté maximum (MHP), le carbocation le plus dur est formé majoritairement.

Fukui propène

Le propène est susceptible d'une attaque électrophile sur la double liaison. La régiosélectivité peut être prévue en traçant les contours de la fonction de Fukui f -(r). La zone sombre indique la où la valeur est la plus élevée. Sur l'atome de carbone terminal, conformément à la règle de Markovnikov.

Voir : [78]

Hydroxyhalogénation

Résultats expérimentaux
La réaction entre l'acide hypobromeux et le 2-méthylbut-2-ène fournit un mélange mélange racémique de (3S)-3-bromo-2-méthylbutan-2-ol et (3R)-3-bromo-2-méthylbutan-2-ol énantiomères.

Mécanisme

L'attaque du nucléophile s'effectue du côté opposé au pont sur l'atome de carbone qui stabilise le mieux une charge positive ; c'est à dire, ici le plus substitué, conformément à la règle de Markovnikov.

Les composés I et II sont énantiomères.

L'addition de BrOH sur le stéroïde ci-dessous est telle que le pont bromonium se forme du côté opposé au groupe méthyle. On obtient ainsi la molécule représentée et son énantiomère.

Notons que les halohydrines sont des précurseurs d'époxydes en milieu basique par synthèse de Williamson intramoléculaire.

Utilisation du N-bromosuccinimide (NBS)
Le
N-bromosuccinimide (NBS) réagit avec les composés éthyléniques en solvant aqueux pour donner des halohydrines.

La régiosélectivité suit la règle de Markovnikov. La réaction est stéréospécifique de stéréochimie anti [27].

Oxymercuration-démercuration

Résultats expérimentaux
Lorsqu'on fait réagir un composé éthylénique avec l'acétate de mercure (II) dans un mélange d'eau et de THF et qu'on procède ensuite à la réduction du composé obtenu par le tétrahydroborate de sodium (borohydrure de sodium), on isole finalement un alcool [24], [30].

Cette suite de réactions s'appelle oxymercuration-démercuration. Elle permet d'obtenir des alcools à partir des alcènes. L'alcool majoritaire est celui qu'on obtiendrait avec une hydratation acido-catalysée suivant la règle de Markovnikov. La régiosélectivité est généralement excellente. L'un des principaux avantages de cette réaction par rapport à l'addition d'eau ordinaire est la quasi inexistence de produits secondaires de transposition du fait de l'absence de carbocations au cours de la transformation. Elle remplace donc avantageusement cette réaction en synthèse.

Mécanisme
L'oxymercuration du cyclohexène fournit un mélange racémique de produits de stéréochimie trans. On interprète ce résultat par le mécanisme suivant :

La réaction de démercuration par NaBH4 n'est pas stéréospécifique. On le montre en utilisant NaBD4 comme agent de réduction.

Ces résultats suggèrent l'intervention d'un mécanisme radicalaire.

Une preuve supplémentaire en faveur de ce mécanisme est fournie par le fait que lorsque la réaction est effectuée en présence de dioxygène (qui est un diradical), on observe le remplacement du mercure par un groupe hydroxy.

Applications

Lorsqu'on utilise un alcool comme solvant à la place de l'eau, celui-ci réagit avec l'ion mercurinium et après démercuration, on obtient un éther.

Les ions mercurinium peuvent être ouverts sous l'action d'une grande variété de réactifs donnant naissance à de nombreux produits utiles. Par exemple, la réaction avec une amine fournit un amide.

Hydroboration

Résultats expérimentaux, préparation des organoboranes
L'hydratation acido-catalysée des composés éthyléniques fournit systématiquement l'alcool dont la classe est la plus élevée sur les deux possibles a priori car cette addition passe par l'intermédiaire du carbocation le plus stable. Pour obtenir l'alcool de la classe la moins élevée à partir d'un composé éthylénique, on peut opérer de façon indirecte en mettant à profit les propriétés remarquables des organoboranes. L'hydroboration des composés éthyléniques a été découverte en 1962 par le chimiste d'origine britannique H. C. Brown et son groupe lors de leurs recherches sur les propriétés réductrices des boranes. H. C. Brown (Université Purdue, Indiana) a obtenu le prix Nobel de chimie en 1979. Voir [21]
Le monoborane BH3 est un composé déficient en électrons par rapport à l'octet. A la température ordinaire, il se dimérise pour conduire au diborane B2H6. Mais en présence de THF meilleure base de Lewis que H, il y a formation d'un complexe entre le monoborane et l'éther.

BH3-THF

Les solutions de BH3 dans le THF sont disponibles commercialement en concentration généralement 1 M (stabilisant : N-isopropyl-N-méthyl-tert-butylamine). L'entité réactive est le monoborane BH3 qui résulte de la faible dissociation du complexe.

Il s'agit d'un liquide pyrophorique dont la manipulation nécessite certaines précautions. Le composé est généralement prélevé au moyen d'une seringue sous atmosphère inerte selon une procédure du même type que celle employée pour les organométalliques très réactifs. Voir [89].

La réaction entre un composé éthylénique et BH3 est régiosélective. Le bore se fixe sur l'atome de carbone le moins substitué de la double liaison. On dit qu'il s'agit d'une addition antimarkovnikov car la régiosélectivité est l'inverse de celle qui est décrite par la règle de Markovnikov.
Il est amusant de constater que la suite H-C-B correspond aux initiales de H. C. Brown. La réaction conduit au remplacement des trois atomes d'hydrogène et l'on obtient finalement un trialkylborane.

BH3-THF

La photographie de gauche représente un dispositif expérimental utilisable pour une réaction d'hydroboration. L'ensemble du dispositif est préalablement balayé par un courant de diazote. Le composé éthylénique est introduit dans le ballon. Le complexe borane-THF est introduit par l'intermédiaire de la seringue à travers le septum de caoutchouc.
L'addition est effectuée goutte à goutte en maintenant la température du dispositif inférieure à la température ambiante au moyen d'un bain de glace.
Avec un éthylénique peu substitué, une mole de BH3 réagit avec trois équivalents de composé éthylénique. On obtient un trialkylborane.

On trouvera plusieurs exemples de ce type de réactions à la référence [17] (voir en particulier les détails expérimentaux).


Sur le plan stéréochimique, on constate que l'addition est stéréospécifique de stéréochimie syn.

Les composés éthyléniques plus substitués fournissent des dialkylboranes. Le Bis(1,2-diméthylpropyl)borane (appelé "disiamylborane", contraction de : di-secondary-isoamylborane) est un réactif très utile préparé généralement au moment de l'emploi par réaction entre le 2-méthylbut-2-ène et le complexe BH3-THF.

Les alkylboranes sont des intermédiaires de synthèse dans la réaction de couplage de Suzuki.

Diborane

Le diborane peut être obtenu par réduction du tétrahydroborate de sodium (borohydrure de sodium) par le trifluorure de bore dans un éther. A la température ordinaire c'est un gaz incolore. Il s'enflamme spontanément à l'air et réagit rapidement avec l'eau pour donner de l'hydrogène et de l'acide borique H3BO3. Sa structure comportant des atomes d'hydrogène en pont a été déterminée par diffraction électronique et spectroscopie Raman en 1951. Elle a suscité un énorme intérêt du fait du caractère original de ce type de liaison chimique. La structure des boranes peut être décrite en faisant intervenir des liaisons à 3 centres. Ce concept a été développé par le chimiste américain W. N. Lipscomb de l'Université de Harvard, prix Nobel de chimie 1976 [22].

Mécanisme de l'hydroboration
Il s'agit d'une cycloaddition [2 + 2] entre une liaison bore-hydrogène et une liaison carbone-carbone. Le bore se fixe de façon régiosélective sur l'atome de carbone le moins substitué.
La régiosélectivité s'explique :

Le schéma simplifié est le suivant :

ce mécanisme permet d'interpréter la stéréospécificité, syn de l'addition.
Un équivalent de borane réagit avec trois équivalents de composé éthylénique.

Oxydation des trialkylboranes
L'une des réactions les plus importantes des trialkylboranes est leur coupure oxydante par une solution de peroxyde d'hydrogène H2O2 en présence d'ions OH-.
L'oxydation d'un borane par une solution basique de peroxyde d'hydrogène fournit un
alcool. Son importance provient du fait que le groupe OH se retrouve fixé sur l'atome de carbone le moins substitué du substrat. La régiosélectvité observée est donc l'inverse de celle obtenue dans une réaction d'hydratation en milieu acide qui suit la règle de Markovnikov.

Le mécanisme comporte les étapes suivantes :

Aspect stéréochimique
L'addition du diborane suivie de l'oxydation par H2O2 en milieu basique sur le méthylcyclohexène, fournit le mélange racémique des 2-méthylcyclohexanol de stéréochimie trans.

Ce résultat s'explique par une addition stéréospécifique syn de la liaison bore-hydrogène sur le composé éthylénique et une rétention de la configuration pour le remplacement de la liaison C-B à la liaison C-O lors de l'oxydation du borane.

Utilisation du 9-BBN
Le 9-borabicyclo-[3, 3, 1]-nonane (9-BBN) est un agent d'hydroboration très utilisé en synthèse organique. On l'obtient en faisant réagir B2H6 avec le cycloocta-1, 5-diène
[36].

Il présente plusieurs avantages :

Application : préparation de l'alpine borane

(+)-alpha-pinène

Le (+)-a-pinène représenté à gauche est un terpène qu'on trouve à l'état naturel dans l'essence de thérébentine. Il s'agit du (1R, 5R)-triméthyl-2, 6, 6-bicyclo[3, 1, 1]-hept-2-ène.

L'hydroboration de l'a-pinène par le 9-BBN, conduit à un borane chiral appelé alpine borane. Ce réactif, introduit par M. M. Midland en 1984, peut être obtenu énantiopur. La réaction ci-dessous est effectuée entre le (+)-a-pinène et le 9 BBN. La réaction est régiosélective, le bore se fixant sur l'atome de carbone le moins substitué. Elle est aussi stéréosélective, le 9 BBN réagit sur la face la moins encombrée de l'a-pinène c'est à dire du côté opposé au pont portant les deux méthyles. Il s'agit d'un exemple de stéréosélectivité induite par le substrat.

L'alpine borane est utilisé comme réducteur dans la réduction
énantiosélective des composés carbonylés.

Hydroboration énantiosélective
L'hydroboration du méthylcyclohexène par B2H6 suivie d'hydrolyse, fournit un mélange mélange racémique des 2-méthylcyclohexanols car le réactif achiral ne distingue pas les deux faces énantiotopiques du substrat.

Le premier réactif d'hydroboration énantiosélective a été préparé par H. C. Brown. Il s'agit du diisopinocamphéylborane Ipc2BH. On le prépare en faisant réagir B2H6 avec l' a-pinène. Selon l'énantiomère de l' a-pinène de départ, on obtient l'un ou l'autre des deux énantiomères du produit. L' excès énantiomérique est voisin de 100 %.

Avec ce réactif, il est possible d'effectuer l'hydroboration énantiosélective des alcènes peu encombrés. Les composés cis sont de bien meilleurs substrats que les trans. L'exemple suivant concerne le (Z)-but-2-ène.

Un exemple d'utilisation est donné à la référence [28].
A cause de sa taille importante, Ipc2BH ne donne pas de bons résultats avec les alcènes trisubstitués. Pour effectuer l'hydroboration énantiosélective de ces composés on utilise de préférence le monoisocamphéylborane. Il donne aussi de très bons résultats avec les alcènes disubstitués trans. On peut préparer ce réactif au moyen de la réaction suivante (TMED désigne la tétraméthyléthylènediamine qui est un ligand bidenté).

Voici un exemple d'application en partant du (E)-but-2-ène.

Plus récemment, en 1985, S. Masamune a introduit un nouvel agent d'hydroboration, le (trans)-diméthyl-2, 5-diméthylborolane. Ce réactif chiral conserve un axe de symétrie C2. Il conduit à de très bons excès énantiomériques avec les éthyléniques tri ou tétrasubstitués [32].

Les composés T et T' sont des diastéréo-isomères. Ils se forment en proportions inégales et sont obtenus avec une diastéréosélectivité élevée : dr = 97,8 : 2,2. La coupure oxydante de ces boranes fournit les énantiomères 2 et 2' dans les mêmes proportions. L'excès énantiomérique de l'énantiomère 2 de configuration absolue (R, R) vaut par conséquent : ee = 95,6 %.

D'autres réactifs d'hydroboration ont été préparés à partir de composés éthyléniques chiraux comme le longifolène.

Additions radicalaires

Résultats expérimentaux
En étudiant l'addition de bromure d'hydrogène sous rayonnement ultraviolet le chimiste américain d'origine russe M. S. Kharasch a mis en évidence une addition de régiosélectivité inverse de celle observée pour l'addition ionique. L'orientation de l'addition est pour cette raison qualifiée d'anti-Markovnikov, terminologie qui se rapporte à la
règle de Markovnikov. citée plus haut.

Mécanisme
Le mécanisme de cette réaction a été élucidé par M. S. Kharasch et F. R. Mayo en 1930. Il s'agit d'une réaction en chaîne avec des
radicaux libres comme intermédiaires.

Régiosélectivité
La régiosélectivité s'interprète par un
contrôle cinétique de la réaction. L'étape cinétiquement déterminante est la formation du radical le plus stable.
Seul le bromure d'hydrogène est capable de réagir avec les composés éthyléniques selon ce mécanisme. En effet :

Pour une revue complète sur ces réactions et leurs applications, consulter [88].

Métathèse des oléfines

Résultats expérimentaux
La découverte de la métathèse des alcènes a été faite en 1931. Il s'agissait de la disproportionation du propène en éthène et but-2-ène à haute température. Le premier exemple de métathèse catalysée a été rapporté par des chercheurs, R. L. Banks et G. C. Bailey en 1964
[57].

Le mot métathèse est formé à partir des mots grecs meta changer et tera place. Ce type de réaction a pris un essor considérable à partir des années 1980 sous l'impulsion de deux groupes sous la direction de D. Schrock (MIT) et de R. Grubbs (Caltech).

Les différents types de réactions de métathèse sont donnés ci-dessous.

Mécanisme
Le mécanisme de la métathèse des alcènes a été proposé par Y. Chauvin
[58].

L'intermédiaire clé est un métallacyclobutane (I).

Ce mécanisme a été confirmé par Schrock en 1988. Cet auteur a effectué la synthèse d'un métallacyclobutane de tungstène et montré son rôle dans le cycle catalytique.

Le mécanisme consiste en une suite de cycloaddition et de rétrocycloaddition [2 + 2]. On notera que ces processus sont normalement interdits par les règles de Woodward-Hoffmann. Il sont permis ici grâce à l'intervention des orbitales d du métal.
Les différentes étapes sont équilibrées. Pour rendre la transformation totale, on peut déplacer l'équilibre en jouant sur un facteur de celui-ci. L'effet entropique est favorable lorsqu'il y a production d'un gaz comme l'éthène.
Le cycle catalytique est représenté ci-dessous dans le cas de la réaction de RCM d'un éthylénique possédant des groupes méthylènes terminaux. La force motrice de la réaction est la formation d'éthène.

Catalyseurs de métathèse
Le premier catalyseur réellement efficace en métathèse a été découvert par Schrock en 1980. Il s'agit d'un complexe métal-alkylidène au niobium représenté sur la figure ci-dessous (I). Le premier complexe métal-alkylidène avait lui même été préparé par Schrock en 1975. C'était un complexe du tantale. Schrock a ensuite préparé toute une série de catalyseurs au molybdène dont un exemple particulièrement efficace est (II).

Les catalyseurs de Grubbs sont des complexes du ruthénium. On a coutume de les classer en catalyseurs de la première génération (III) et de la deuxième génération (IV). Ils sont stables vis à vis de l'air et de l'eau à la différence des catalyseurs de Schrock beaucoup plus sensibles. Les catalyseurs de deuxième génération sont plus réactifs que ceux de première génération. De plus ils sont beaucoup plus stables thermiquement.

Ces catalyseurs permettent la réaction de métathèse avec des alcènes fonctionnalisés ils sont compatibles avec la plupart des fonctions organiques mis à part les amines. Les catalyseurs de Schrock ont un grand intérêt pour la synthèse de composés soufrés ou phosphorés pour lesquels les catalyseurs de Grubbs sont inutilisables en raison de la grande affinité du ruthénium pour ces éléments.

Application des réactions de métathèse
La réaction la plus importante pour les applications en synthèse organique est la réaction de cyclisation RCM qui peut être réalisée à l'aide du catalyseurs de Grubbs de première génération. Les fermetures de cycles à cinq chainons sont les plus faciles mais il est possible de synthétiser des cycles plus grands à partir de composés possédant des méthylènes terminaux. La métathèse croisée, plus difficile, nécessite des catalyseurs de deuxième génération.

La métathèse permet de réduire considérablement le nombre d'étapes dans la synthèse de molécules complexes. L'exemple suivant concerne la synthèse de l'arénastatine, un composé possédant des propriétés cytotoxiques. La synthèse de ce macrocycle peut également être effectuée par macrolactamisation.

En 1996, Fürstener et Langemann ont publié une synthèse d'une lactone macrocyclique à odeur musquée utilisé dans l'industrie des parfums : l'Exaltolide.

Le schéma suivant est une étape de la synthèse d'une molécule de la famille des épothilones, un médicament antitumoral, par K. C. Nicolaou (1998).

Il est possible d'associer plusieurs réactions en cascade par exemple ROMP et RCM.

La métathèse du cyclooctatétraène est une très bonne méthode de préparation du polyacétylène.

Métathèse énantiosélective
Le premier exemple de catalyseur chiral a été publié par Schrock en 1993. Il s'agissait d'un catalyseur au molybdène permettant une réaction de type ROMP énantiosélective. Le premier catalyseur au ruthénium pour la fermeture de cycle (V) a été publié par Grubbs en 2001.

Voici un exemple d'une telle réaction énantiosélective.

Les catalyseurs chiraux peuvent être regroupés en deux catégories selon que le métal utilisé est le molybdène ou le ruthénium. L'utilisation de la métathèse énantiosélective dans la synthèse totale de produits complexes a littéralement explosé ces dernières années, permettant des excès énantiomériques souvent très élevés [72].

Hydroformylation

Résultats expérimentaux
L'hydroformylation est une réaction industrielle découverte par le chimiste allemand O. Roelen en 1938. Le procédé porte aussi le nom de procédé oxo car il permet l'insertion d'oxygène dans une chaîne carbonée. La réaction fait intervenir un cycle catalytique assez complexe. Le bilan est le suivant :

la réduction par le dihydrogène des aldéhydes formés permet la synthèse d'alcools. On prépare ainsi des alcools à longue chaîne qui entrent dans la fabrication des plastifiants et des détergents.

Hydroformylation énantiosélective
L'hydroformylation peut être réalisée de façon énantiosélective en utilisant un catalyseur soluble chiral du type de ceux rencontrés dans les réactions
d'hydrogénation énantiosélective. La réaction suivante constitue une étape de la synthèse de la L-alanine. Le catalyseur est un complexe du rhodium comportant une diphosphine chirale appelée DIOP

DIOP

L'image de gauche représente un modèle compact du ligand DIOP (pour : diphosphine optiquement active). Cette diphosphine chirale symétrie C2 a été introduite par le chimiste français H. Kagan (Université d'Orsay) en 1971 comme ligand d'un complexe au rhodium permettant des hydrogénations énantiosélectives. On l'obtient à partir d'un acide tartrique chiral.

Epoxydation

Préparation des époxydes
La réaction entre un peroxyacide et un composé éthylénique permet la synthèse d'un époxyde (réaction de Prilezhaev, 1909). Plusieurs peroxyacides peuvent être utilisés, parmi lesquels : l'acide peroxybenzoïque, l'acide trifluoroperoxyacétique, l'acide métachloroperoxybenzoïque m-CPBA qui présente l'avantage d'être un solide qu'on peut conserver assez facilement.
Le sous produit de la réaction avec le peroxyacide est un acide carboxylique. L'utilisation d'un tampon basique permet d'éviter l'acidification de la solution. La réaction est généralement conduite dans le dioxane à une température proche de 0 °C. D'autres réactifs d'époxydation sont utiilisés :

A partir du (Z)-but-2-ène comme substrat, on obtient le (2R, 3S)-diméthyloxacyclopropane achiral (composé méso)

Réalisée à partir du diastéréoisomère de stéréochimie E, la réaction conduit à un mélange racémique d'époxydes énantiomères. (2R, 3R) et (2S, 3S).

La réaction est stéréospécifique de stéréochimie syn. Cette stéréospécificité s'explique par le mécanisme suivant. Le peroxyacide est un électrophile qui réagit avec la double liaison riche en électrons du composé éthylénique.

Remarque : si l'alcène Z n'est pas symétrique, on n'obtient pas l'époxyde méso mais le mélange racémique des énantiomères (2R, 3S) et (2S, 3R).
Plus généralement à partir d'un alcène de configuration donnée, on obtient deux époxydes énantiomères (en l'absence de méso).

La réaction entre le m-CPBA et un vinylsilane fournit un époxysilane.

Les époxysilanes sont des intermédiaires de synthèse intéressants. La réaction d'un époxysilane avec un organocuprate est une méthode de préparation des b-hydroxysilanes. Ceux-ci conduisent aux composés éthyléniques grâce à la réaction d'élimination de Peterson.

MCPBA

L'acide métachloroperoxybenzoïque m-CPBA est très utilisé comme réactif d'oxydation en chimie organique. Il permet notamment l'époxydation des doubles liaisons éthyléniques. Comme tous les composés organiques comportant une liaison peroxo fragile, il est peu stable. Le composé pur est à l'origine de plusieurs accidents car il explose sous l'action d'un choc. Le réactif utilisé au laboratoire est constitué de 72 % de m-CPBA et de 10 % d'acide m-chlorobenzoïque. Il se présente sous la forme d'une poudre blanche qu'on doit conserver à basse température. Notons que ce réactif est également utilisé dans l'oxydation de Baeyer-Villiger des cétones, et dans la préparation des oxydes d'amines. Il est avantageusement remplacé par le monoperoxyphtalate de magnésium (MMPP).

Le m-CPBA peut être préparé par la réaction suivante.

Le monoperoxyphtalate de magnésium (MMPP) quant à lui est obtenu selon la réaction ci-dessous.

La vitesse de la réaction d'époxydation est d'autant plus grande que la double liaison est plus riche en électrons. Ainsi, les liaisons substituées par des groupes alkyles réagissent plus vite que les liaisons non substituées. L'effet inductif donneur des groupes alkyles vis à vis de la double liaison accroissent la densité électronique.

Conséquence : l'époxydation du composé suivant est régiosélective.

Les époxydes sont des éthers cycliques tendus, peu stables et particulièrement réactifs. Ils peuvent être ouverts sous l'action de nombreux réactifs ce qui en fait des intermédiaires très utilisés en synthèse organique. Les réactions d'ouverture des époxydes sont fréquemment mises à profit. L'ouverture nucléophile en milieu aqueux basique fournit des diols. A partir de deux époxydes énantiomères, on obtient au maximum deux diols.

L'oxacyclopropane ou oxyde d'éthylène est obtenu dans l'industrie par réaction entre l'éthène, le dioxygène de l'air avec l'argent comme catalyseur (10 bar < P < 20 bar, T # 150 °C). C'est un intermédiaire important de la chimie industrielle. Il permet notamment la préparation de l'éthane-1,2-diol (éthylène glycol) utilisé dans la préparation des polyesters.

Epoxydation diastéréosélective
La tension allylique qui se développe dans la conformation 1 rend la conformation 2 plus stable que la précédente d'environ 12 kJ.mol-1.

Cette différence de stabilité est à l'origine de l'addition diastéréosélective du m-CPBA sur la face la moins encombrée du substrat lors de l'époxydation de l'alcool allylique ci-dessous.

Epoxydation énantiosélective de Sharpless (EA)
L'époxydation asymétrique des alcools allyliques a été mise au point par le chimiste américain K. B. Sharpless en 1980 [41]. Il s'agit d'un exemple de catalyse énantiosélective. Le substrat est un alcool allylique et l'oxydant est l'hydroperoxyde de tert-butyle (TBHP). Ces composés sont tous les deux achiraux. La reconnaissance des faces énantiotopiques de la liaison éthylénique nécessite un catalyseur chiral. Celui-ci est un complexe entre l'ester diéthylique d'un acide tartrique chiral et le tétraisopropoxytitane. Puisque la réaction est catalytique, 5-10 % (mol) de Ti(OiPr4) en présence de tamis moléculaire 3 A suffisent.

L'exemple ci-dessous concerne la synthèse du (S)-glycidol (I), un époxyalcool utilisé dans la préparation de médicaments b-bloquants.

Les résultats obtenus sont donnés ci-dessous.

Composé

(S)-glycidol (I)

(R)-glycidol (II)

%

95

5

L'excès énantiomérique est donc : ee = 95 - 5 = 90 %. L'un des gros avantages de la réaction réside dans le fait qu'on peut choisir l'énantiomère voulu en utilisant l'un ou l'autre des deux tartrates.

(2S, 3S)-D-(-)-DET

(2R, 3R)-L-(+)-DET

L-(+)-DET

L'image ci dessous représente la molécule de L-(+)-DET.

La réaction peut affecter l'une ou l'autre des deux faces de la liaison éthylénique. Avec la disposition des atomes de la molécule d'alcool allylique indiquée ci dessous :

L'exemple suivant concerne l'époxydation du (E)-3, 7-diméthyl-2,6-octadièn-1-ol ou géraniol, un alcool allylique terpénique qu'on trouve à l'état naturel dans l'essence de géranium.

Le rendement est de l'ordre de 80 %. L'excès énantiomérique est supérieur à 90 %.

Peu de temps après sa découverte, l'époxydation de Sharpless a permis la synthèse d'une phéromone à l'échelle industrielle (J. T. Baker) : la disparlure ou (7R, 8S)-7, 8-époxy-2-méthyloctadécane. (phéromone de la mite gitane (gypsy moth). Les grandes lignes de sa synthèse sont données ci-dessous :

La réaction de Sharpless a été mise à profit pour réaliser des dédoublements cinétiques de mélanges racémiques.

Le mécanisme exact de l'époxydation de Sharpless n'est pas connu avec certitude à l'heure actuelle. La présence d'une fonction alcool est essentielle pour que l'induction asymétrique ait lieu. K. B. Sharpless a obtenu le prix Nobel de chimie 2001 conjointement avec W. S. Knowles et R. Noyori [20].

Les époxydes dérivés d'alcools allyliques sont des 2,3-époxyalcools. Ils peuvent subir une réaction de transposition connue sous le nom de réarrangement de Payne.

Epoxydation énantiosélective de Jacobsen
Le substrat est un composé éthylénique de stéréochimie Z. L'oxydant (co-oxydant) est un hypochlorite. Le catalyseur est un complexe du Mn (III) utilisant un ligand chiral de symétrie C2 dérivé du ligand salen [47]. Ce réactif a été élu "réactif de l'année 1994". L'époxydation de Jacobsen est un exemple de catalyse énantiosélective.

La réaction est diastéréosélective. Dans l'exemple précédent, on a un rapport cis/trans = 5,7.
Elle est aussi énantiosélective. Pour l'exemple précédent, les excès énantiomériques sont donnés ci-dessous.

Composé

I

II

Excès énantiomérique (ee)

85

62

Notons que le mécanisme de cette réaction est de type radicalaire.

Dihydroxylation

Utilisation du permanganate de potassium
La syn-dihydroxylation vicinale des composés éthyléniques peut être effectuée en utilisant comme réactif une solution diluée et neutre de permanganate de potassium à 0 °C. Des expériences réalisées au moyen d'oxygène 18, ont permis de montrer que les atome d'oxygène du diol proviennent de l'ion permanganate. Cela suggère la formation d'un ester permanganique intermédiaire dans lequel le manganèse est au degré d'oxydation +5 (voir [55]). Des substrats diastéréo-isomères fournissent des produits diastéréo-isomères. La réaction est diastéréospécifique de stéréochimie syn. Cette stéréospécificité s'explique par l'intervention de l'ester permanganique intermédiaire. Notons que l'état de transition présente une topologie aromatique à 6 électrons.

L'hydrolyse de cet ester fournit le diol méso.

MnO3- se dismute en MnO2 et MnO42- .

Gants + hotte


L'oxydation d'un composé éthylénique en diol par le permanganate de potassium doit être réalisée avec une solution diluée, en milieu neutre dans un bain de glace. En milieu acide, l'oxydation conduit à une coupure de la chaîne carbonée. Cette réaction constitue un test des composés éthyléniques appelé test de Baeyer.

Les demi-équations redox s'écrivent :



on en déduit l'équation de la réaction :

On observe une réaction du même type avec les alcynes.

Lorsqu'on opère à la température ambiante, on observe une coupure oxydante de la chaîne carbonée et conduit à la formation de composés carbonylés. Les aldéhydes éventuels sont oxydés en acides carboxyliques.

La dihydroxylation diastéréospécifique anti des composés éthyléniques peut être effectuée en réalisant successivement la préparation d'un époxyde suivie de son ouverture par les ions hydroxydes.

Utilisation du tétroxyde d'osmium
Un réactif plus chimiosélectif que le permanganate et permettant d'effectuer la même transformation est le tétroxyde d'osmium OsO4. L'ajout d'une quantité stoechiométrique de tétroxyde d'osmium au composé éthylénique dans le THF conduit à un intermédiaire cyclique isolable. Là aussi, l'état de transition présente une topologie aromatique à 6 électrons.

L'hydrolyse de l'ester cyclique fournit le diol et de l'acide osmique.

Malheureusement ce réactif a un coût très élevé et un caractère extrêmement toxique. Une procédure particulière a été mise au point en 1975 par V. Van Rheenen, R. C. Kelly and D. Y. Cha de la firme américaine Upjohn. Dans ce cas, le tétroxyde d'osmium est utilisé en quantité catalytique en présence d'un oxyde d'amine tertiaire tel que le N-oxyde de N-méthylmorpholine (NMO), agissant comme cooxydant (c'est la raison pour laquelle cette réaction porte le nom de procédé Upjohn) [84]. L'addition d'un ligand achiral tel que la quinuclidine augmente la cinétique de réaction (en anglais : ligand accelerated catalysis). Voir : [85].

La réaction ci-dessous est une étape de la synthèse du cholestérol (Woodward 1952 [80].)

Oxydation de Lemieux-Johnson
La formation d'un diol par une quantité catalytique de tétroxyde d'osmium suivie de son oxydation en composé carbonylé par un équivalent de périodate de sodium ou d'acide périodique, peut être réalisée de façon monotope (ou en "un seul pot" : en anglais : one pot reaction). La première étape d'osmylation par OsO4 en quantité catalytique est généralement effectuée à relativement basse température dans un solvant hétérogène dioxanne/eau mais d'autres conditions expérimentales peuvent être utilisées. Elle est suivie de la coupure oxydante de l'ester osmique. Cette suite de réactions constitue donc un clivage oxydant des composés éthyléniques en composés carbonylés appelée oxydation de Lemieux-Johnson (en hommage au chimiste canadien R. Lemieux et au chimiste américain W. S. Johnson). Lorsque le cas se présente, la réaction s'arrête au stade l'aldéhyde. Le résultat global est donc le même que celui d'une ozonolyse en milieu réducteur.

La réaction suivante est une étape de la synthèse du longifolène par W. S. Johnson utilisant comme oxydant en quantité catalytique RuO4 au lieu de OsO4 .

Pour le cycle catalytique, voir : [77]

Une autre technique de formation de diols syn à partir des composés éthyléniques est connue sous le nom de réaction de Prévost-Woodward. Voir : [87]

Rappelons également la réaction de Malaprade. Les a-glycols subissent une réaction de coupure en présence d'acide périodique HIO4 pour donner des composés carbonylés.

Dihydroxylation énantiosélective (AD)
La dihydroxylation peut être rendue
énantiosélective en utilisant une procédure mise au point par K. B. Sharpless en 1987 [41]. Comme l'époxydation énantiosélective du même auteur, il s'agit d'un exemple de catalyse énantiosélective. Mais alors que l'époxydation énantiosélective oblige à partir d'un alcène fonctionnalisé plus précisément un alcool allylique, la dihydroxylation peut être effectuée sur des liaisons éthyléniques ordinaires.

On trouve désormais dans le commerce des mélanges prêts à l'emploi appelés AD-mix-a et AD-mix-b. Leur composition est donnée ci-dessous :

Catalyseur

AD-mix-a

AD-mix-b

composition

1,4-bis(9-O-dihydroxyquinidine)phtalazine (DHQ)
K2OsO5; K3Fe(CN)6 ; NaHCO3 ; MeSO2NH2

1,4-bis(9-O-dihydroxyyquinidine)phtalazine (DHQD)2-PHAL
K2OsO5; K3Fe(CN)6 ; NaHCO3 ; MeSO2NH2

Selon qu'on utilise l'un ou l'autre des deux réactifs, la dihydroxylation affecte l'une ou l'autre des deux faces de la double liaison comme l'indique le schéma ci-dessous qui doit être considéré avant tout comme un moyen mnémotechnique. Les lettres RG, RM, RP symbolisent la taille des groupes.

RG > RM > RP

Les éléments chiraux de ces catalyseurs sont constitués par la dihydroquinine (DHQ) ou la dihydroquinidine DHQD séparés par un motif central : la phtalazine.

élément chiral

élément chiral

motif central

dihydroquinine (DHQ)

dihydroquinidine (DHQD)

phtalazine (PHAL)

La dihydroquinine et la dihydroquinidine sont des alcaloïdes dont la structure ressemble à celle de la quinine. Un exemple est donné ci-dessous. Un protocole expérimental est donné à la référence [40]

La dihydroxylation de Sharpless est une réaction importante qui a été mise à profit dans plusieurs synthèses récentes. Citons celle d'une phéromone d'agrégation d'une population d'insectes causant de graves dommages aux forêts de pins aux USA : la frontaline.

Avec le réactif AD-mix a, la réaction est facile. Elle fournit ici un excès énantiomérique relativement peu élevé ee = 65 %. Des excès énantiomériques beaucoup plus grands sont observés avec d'autres substrats. On trouvera des exemples aux références [18] et [19].

Aminohydroxylation énantiosélective (AA)
L'aminohydroxylation des composés éthyléniques concernait à l'origine la synthèse d'un
mélange racémique d'aminoalcools en utilisant la chloramine T (Na+ClN- Ts) comme réactif [46], [62]. La version énantiosélective par catalyse asymétrique a été décrite par K. B. Sharpless en 1996 [48]. Elle fait partie de la trilogie des réactions énantiosélectives (EA, AD, AA) qui ont valu le prix Nobel de chimie 2001 à leur auteur.

Applications
Synthèses d'oxazolidinones utilisées comme auxilliaires chiraux dans l'alkylation diastéréosélective d'Evans.

La synthèse suivante, au cours de laquelle l'intermédiaire n'est pas isolé s'effectue en une seule fois dans le même réacteur. C'est un exemple de réaction monotope (mono : unique, topos : endroit ; en anglais : one pot reaction.)

R = Me, Ph, CO2Et
Ar = Ph, 4-MeO, 4-O2NC6H5.

Peu de temps après sa découverte, la réaction d'aminohydroxylation énantiosélective a trouvé une application dans une synthèse élégante de la chaîne latérale du taxol en seulement quatre étapes [49].

Dans le même ordre d'idée, la réaction a été appliquée avec succès par l'équipe de P. Potier de l'ICSN de Gif dans l'hémisynthèse du taxotère. Ce composé de la même famille que le taxol mais plus actif que ce dernier, présente l'immense avantage d'être obtenu en quelques étapes à partir d'un composé extrait de l'If européen : la déacétylbaccatine (10-DAB) par simple estérification à l'aide de l'acide trans-cinnamique [82]
.

Ozonation

Résultats expérimentaux
Le trioxygène ou ozone est une variété allotropique du dioxygène. L'ozone donne des réactions d'addition avec les composés éthyléniques qui conduisent à des ozonides.

Ozone

Le chimiste allemand C. F. Shönbein découvrit le trioxygène ou ozone O3 en 1839. L'ozone est présent à l'état naturel dans la haute atmosphère de la Terre. L'étude de la formation et de la décomposition de l'ozone a été récompensée par l'attribution du prix Nobel de chimie en 1995 à P. J. Crutzen, M. J. Molina et F. Sherwood Rowland [60]. Au laboratoire on le prépare en faisant traverser le dioxygène O2 par une effluve électrique dans un ozoniseur [53]. A la température ordinaire l'ozone est un gaz de couleur bleue possédant une odeur piquante qui lui a valu son nom (ozein signifie odeur en grec). L'ozone se liquéfie à -112 °C pour donner un liquide bleu explosif. Conformément au prévisions de la méthode VSEPR, la molécule d'ozone a la forme d'un V avec un angle entre les liaisons de 116,8°.

Il n'est pas possible de décrire la molécule d'ozone par une formule de Lewis unique. On peut rendre compte de sa structure en utilisant les formes mésomères suivantes :

La troisième formule limite est appelée : forme dipolaire 1, 3. Elle montre que l'ozone possède une extrémité électrophile et une autre nucléophile. La réaction entre l'ozone et un composé éthylénique s'appelle ozonation. Elle est réalisée à basse température et fournit un ozonide.

Ozone

L'image de gauche représente le molozonide initial formé par cycloaddition entre l'ozone et le 1,1,2,2-tétraméthyléthène. Cet adduit se décompose ensuite spontanément en ozonide (voir le mécanisme plus bas). Comme tous les composés comportant une liaison peroxo, les ozonides sont des composés très instables.

On fait barboter un mélange de dioxygène et d'ozone issu d'un ozoniseur dans une solution d'alcène dans le méthanol ou dans le dichlorométhane à basse température (usuellement le mélange carboglace/acétone à - 78 °C). La disparition de l'alcène se caractérise par l'apparition de la couleur bleue de la solution traduisant la présence d'ozone en excès. Voir : [86].

Mécanisme
Le mécanisme actuellement admis a été proposé par R. Criegee en 1951. La réaction entre O3 et la double liaison éthylénique est une cycloaddition dipolaire 1, 3. Le produit d'addition s'appelle molozonide ou parfois ozonide initial. Cette cycloaddition peut être interprétée en utilisant l'approximation des orbitales frontières. L'état de transition présente une topologie aromatique à 6 électrons.

Formellement, la molécule d'ozone ressemble beaucoup à un anion allylique. Les orbitales moléculaires p de l'éthylène ont été décrites plus haut.

Le mécanisme comprend les étapes suivantes :

Les ozonides sont rarement isolés du milieu réactionnel. Ils sont mis à réagir in situ avec le réactif souhaité. Bien que beaucoup plus stables que les ozonides primaires, les ozonides sont des composés explosifs en raison de la faible stabilité et de la grande labilité de la liaison peroxo. La réaction doit être réalisée à basse température derrière un écran de protection.

Ozonolyse
Une réaction intéressante des ozonides est leur réduction en composés carbonylés. Celle-ci peut être effectuée sous l'action de plusieurs réactifs :

Application à la recherche des structures
Depuis sa découverte par C. D. Harries en 1903, la réaction a été largement utilisée pour localiser la position des doubles éthyléniques dans les molécules organiques.
Supposons que l'ozonolyse d'un alcène fournisse uniquement de la butanone et du méthanal. On en déduit qu'il s'agit du 2-méthylbut-1-ène.

De même, l'ozonation suivie d'hydrolyse d'un composé éthylénique founit la 4-méthylcyclohexanone et la propanone. On en déduit facilement la structure du composé éthylénique de départ.

Réalisée sur les produits d'élimination issus de la déshydratation des alcools ou de l'élimination d'Hofmann sur les ions ammonium quaternaires, cette réaction a permis d'élucider la structure de nombreux composés d'origine naturelle comme les alcaloïdes a une époque ou l'on ne disposait pas du puissant moyen d'investigation que constituent les méthodes spectrales.

Utilisation en synthèse
L'ozonolyse est aussi utilisée pour préparer des composés carbonylés ou dicarbonylés. Une préparation des composés dicarbonylés 1,4 consiste à effectuer l'ozonolyse d'un cyclobutène disubstitué préparé préalablement, par exemple, en effectuant une cycloaddition entre un cétène et un composé éthylénique.

Il existe d'autres méthodes :

La réaction suivante est une étape de la synthèse d'une phéromone d'insecte. Le composé dicarbonylé est obtenu par coupure du méthylcycloheptène lui même obtenu facilement à partir de la cycloheptanone qui est un produit commercial.

Associée à une réaction de cyclisation, la réaction peut servir à contracter un cycle. L'exemple suivant est extrait d'une synthèse de la (-)-(R)-sarcomycine, un composé à activité antitumorale (Robert K. Boeckman, 1980 [59]). Le substrat de départ est obtenu grâce à une réaction de Diels-Alder catalysée par TiCl4 ;

la fermeture d'un premier cycle est effectuée par une cyclisation de Dieckmann ;

une seconde seconde cyclisation fait intervenir une transestérification ;

Notons que l'ozone réagit également avec les alcynes pour donner des acides carboxyliques.

Oxydation ménagée catalysée par le palladium

Oxydation en aldéhyde
L'oxydation de l'éthylène par le dioxygène de l'air permet la préparation industrielle de
l'éthanal. Le procédé, mis au point en 1953 porte le nom de procédé Wacker. Il a supplanté la préparation de l'éthanal par hydratation de l'éthyne (acétylène). La réaction fait intervenir un cycle catalytique complexe mettant en jeu des composés organopalladés. Les principales étapes sont les suivantes :

Préparation de méthyl-cétones
La réaction d'oxydation des composés éthyléniques catalysée par le chlorure de palladium constitue une méthode générale de préparation des méthylcétones à partir des alcènes terminaux. Comme les méthyl cétones sont des intermédiaires importants en synthèse organique, la réaction possède un indéniable intérêt pratique. Cette méthode est plus intéressante que l'alkylation de l'acétone qui souffre d'un manque de sélectivité
[25].

Coupure oxydante
Lorsqu'on utilise une solution concentrée de permanganate de potassium, à chaud, on observe une coupure oxydante de la double liaison éthylénique. Le trioxyde de chrome est également utilisé. Les composés éthyléniques disubstitués donnent des
aldéhydes qui sont suroxydés immédiatement en acides carboxyliques.



D'où l'équation de réaction :

Les alcènes possédant un méthylène terminal sont oxydés en méthanal. Ce dernier est suroxydé en acide méthanoïque (acide formique) qui se décompose en CO2 et en eau.


Les composés éthyléniques tétrasubstitués donnent des cétones.


Transposition de Cope
La transposition de Cope une réaction qui transpose le squelette des diènes-1,5. Du point de vue mécanistique, il s'agit d'une
transposition sigmatropique [3, 3']. Si le diène n'est pas substitué, le produit d'arrivée est le même que le substrat de départ. La réaction est dégénérée. Cette transposition se rapproche de celle des éthers allyliques dite transposition de Claisen.

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Texte, dessins, photographies : Gérard Dupuis - Lycée Faidherbe de LILLE
avril 2015