11 novembre 2006

Commémoration du 11 novembre 2006

vers le site de ceux qui s'intéressent à l'épopée des soldats de la Grande Guerre

Je vous invite à trouver ci-après le discours prononcé par Monsieur Robin Denoyelle, agent du Lycée Faidherbe, à l’occasion de la commémoration de l’Armistice de la guerre 14-18, le samedi 11 novembre 2006.

A ses grandes qualités professionnelles en particulier en gestion des espaces verts, horticulture et arboriculture, Monsieur Denoyelle ajoute une passion qui l’amène à effectuer depuis quelques années des recherches sur les combats menés dans la région lors de ce conflit mondial et en particulier sur l’histoire personnelle des combattants.

A l’occasion de cette commémoration, il a évoqué avec compétence et chaleur la mémoire des anciens élèves du lycée qui ont laissé la vie sur les champs de bataille.

Le monument qui leur rend hommage, et qui doit être l’un des seuls érigés dans un établissement scolaire, a pris dés lors tout son sens et sa dimension de lieu de mémoire.

Lionel Carré
Intendant


 

LE NOM DES MORTS

Morts pour nous…Quel nom ? Quel âge ?
Le village
Doit chaque jour le savoir.
Que ces noms soient sur l’église !
Qu’on les lise
Sur la pierre du lavoir !
Mais d’abord, que notre zèle
Vous cisèle
Sur les maisons mêmes d’où,
Pour aller vers le martyre,
Ils partirent
Dans le soleil du mois d’août !
Sur la treille où pour mettre
Dans sa lettre,
La vierge a cueilli des fleurs ;
Sur le seuil où, pour qu’on parte
Comme à Sparte,
La femme a caché ses pleurs !
Idéal qui vaut qu’on meure !
La demeure,
Le logis, l’ordre et l’amour,
Le lit où l’enfant doit naître.
La fenêtre
Par où doit entrer le jour !
Oh ! que leur nom, à voix basse,
Quand on passe,
Toujours lu sur leur maison,
A chacun donne l’envie
D’une vie
Digne de la mort qu’ils ont ?
« Morts pour nous ». Que la seconde
Soit féconde
Où dans l’azur immortel,
On lira, sur la corniche
Pauvre ou riche :
« Morts pour nous… Un tel… Un tel… »

EDMOND ROSTAND


JAURES, la veille de sa mort, écrit dans son journal :
"C'est à l'intelligence du PEUPLE, que nous devons faire appel, si nous voulons qu'il puisse rester maître de SOI, refouler les paniques, dominer les ENERVEMENTS, pour écarter de la race humaine, l'horreur de la guerre".

Il fut assassiné le 31 juillet 1914.
Le 1er Août : mobilisation générale.
Le 3 Août : déclaration de guerre de l’Allemagne à la France.

Cette guerre aura duré 4 années, mobilisé 55 MILLIONS 200 MILLE hommes et 17 nationalités (sans compter les colonies), causé la mort d’environ 8 MILLIONS 600 MILLE soldats. 1 MILLION 400 MILLE français et 2 MILLIONS d’allemands. Pendant ce conflit, on comptera une moyenne de 4 000 pertes par jour et sur tous les fronts jusqu’en 1918.

Le 11 novembre 1918 mettra un terme à cette boucherie industrielle.
Ce jour de commémoration évoque pour beaucoup l’Armistice et la PAIX.

Mais cet anniversaire fait aussi revivre un refrain , celui de la chanson de CRAONNE, de VERDUN ou de LORETTE chantée par les poilus et malheureusement, encore d’actualité :

« Adieu la vie,
Adieu l’amour,
Adieu toutes les femmes
C’est bien fini, c’est pour toujours
De cette guerre infâme.
C’est à Craonne, sur le plateau,
Qu’on doit laisser sa peau ;
Car nous sommes tous condamnés,
Nous sommes les sacrifiés…
»


Aujourd’hui rendons hommage à ces hommes :
Au Sapeur ANDRE BURGET, tué en mars 1916 à Vauquois dans la Meuse.
A l’aspirant PAUL ARNOLD, tué en avril 1917, au Chemin des Dames.
Ou encore au Lieutenant Aviateur EDOUARD BOBY DE LA CHAPELLE, tué en septembre 1918 dans la Marne,
et à tous les camarades, anciens élèves du lycée, sacrifiés comme tant d’autres et qui ont connu l’horreur de la guerre des tranchées.


LA BOUE :
Les soldats basculaient à chaque pas, d’autres, enfoncés jusqu’aux épaules, appelaient en vain au secours, mais aucun camarade ne les aidait ; la consigne était d’avancer - pour eux pas de sépulture...

LES GRANDES OFFENSIVES MEURTRIERES :
LA SOMME : 200 MILLE français tués.
LE CHEMIN DES DAMES : 105 MILLE français tués.

LES COMBATS AU CORPS A CORPS :
La pelle et la massue étaient plus efficaces que la baïonnette.

LA MORT et L’ODEUR DES CADAVRES :
Odeur décrite comme « un fumet de cadavre » par Jünger dans son livre "Orage d’acier".

LES BOMBARDEMENTS :
Parfois si violents qu’ils pouvaient être ressentis à près de 200 kilomètres à la ronde.

LES CHAMPS DE BATAILLE :
Les débris d’arbres, les ruines d’un village, les débris de matériel, et de lambeaux humains : jambes et bras projetés en l'air restant accrochés dans les branches sont un spectacle d’une horreur indescriptible.

LES CRIS DES BLESSES agonisant sur le champ de bataille : impossible de les secourir sans mettre sa propre vie en danger.

LES RATS, mangeurs de cadavres, gros comme des petits chats ; certains mêmes mangeaient les blessés sur le champ de bataille.

Les poux, le froid, la pluie, la faim, la soif …


Aujourd’hui, 11 novembre, célébration de l’armistice, je pense à mon Grand-père survivant de cette tourmente sanguinaire. Et je suis persuadé qu’il aurait saisi l'occasion pour rappeler aux plus jeunes toute l'horreur de la guerre ; les vies humaines sacrifiées, les personnes mutilées, meurtries à jamais, la douleur de vivre avec l'absence, pour toutes celles et tous ceux qui ont perdu un proche un ami, un frère…

Il n'y a pas de guerre propre, une guerre est toujours une solution extrême à l'apogée de la violence.

Recueillons-nous en hommage à nos jeunes poilus, mais aussi à leurs camarades :
Feldgraus, Tommies, Sammies, Tirailleurs algériens et Sénégalais, Spahis marocains, Coulis indochinois et à tous les autres…

A cet hommage, ajoutons une pensée pour Maurice FLOQUET, doyen des poilus, mort hier à l’âge de 111 ans.

 

Robin DENOYELLE

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