Cycle 2015-2016

Sous le patronage de Patrick Wattellin, proviseur,
conf2
organisées en salle des conférences

Cycle 2015 - 2016
 

jeudi 12 mai 2016
à 19 h

« ÇA IRA (1) FIN DE LOUIS : un spectacle entre art, histoire et politique »

une conférence de Guillaume MAZEAU, maître de conférences en histoire moderne, Université de Paris I Panthéon Sorbonne, conseiller historique de Joël Pommerat pour la pièce "Ça ira (1)".

"Ça Ira (1) Fin de Louis" de Joël Pommerat se présente avant tout comme un spectacle, une fiction. Mais cette pièce explore aussi des frontières plus incertaines qu'on ne le dit souvent, situées entre le théâtre, l'histoire et la politique. On propose ici de revenir sur cette hybridité, en questionnant autant le spectacle en lui-même que la recherche collective qui l'a accompagné. Qu'apporte le travail du passé à l'expérience théâtrale, vécue au présent ? Quels sont les pièges à éviter lorsque l'on se saisit ainsi de l'histoire, en particulier d'un événement matriciel aussi puissant que la Révolution française ? En quoi la fiction, en particulier théâtrale, permet-elle de mieux comprendre ce passé, différemment, parfois mieux encore, que dans les livres d'histoire? En quoi ce type de théâtre est-il fondamentalement critique, exerçant de ce fait une fonction commune à l'art et aux sciences politiques et sociales ?



mardi 29 mars 2016
à 19 h

« La cité des maîtres : les universitaires et l’ordonnancement social à la fin du Moyen Âge »

une conférence de Antoine DESTEMBERG, maître de conférences en histoire du Moyen Age à l’université d’Artois, auteur de 'L’honneur des universitaires au Moyen Âge', PUF, 2015.

Jusqu’au XIe siècle, les lettrés, qui connaissaient le latin, appartenaient avant tout aux milieux monastiques. Au cours du XIIe siècle, sous l’effet de la Réforme grégorienne, les investigations intellectuelles des philosophes et des théologiens sortirent des cloîtres, et des écoles se constituèrent à l’abri des cathédrales. Les figures du maître et de l’étudiant apparurent alors comme les produits d’un renouveau du monde urbain, et les premières institutions universitaires qui virent le jour entre 1180 et 1220 – à Bologne, Paris et Oxford – naquirent d’une quête d’autonomie, tant juridique qu’intellectuelle, de ces populations savantes. Le surgissement de cette catégorie sociale nouvelle de « travailleurs intellectuels » (Jacques Le Goff) accompagna de profondes transformations de la société de la fin du Moyen Âge : le modèle fonctionnaliste des trois ordres – ceux qui combattent, ceux qui prient et ceux qui travaillent – était devenu trop réducteur pour penser la complexité sociale qui se dessinait principalement en ville. Les universitaires, qui possédaient les outils intellectuels pour penser leur place dans l’ordre politique et social, développèrent donc des stratégies d’affirmation de leur identité et de promotion d’un modèle d’organisation sociale nouvelle, fondée sur la valorisation du capital culturel et du mérite individuel. Acteurs et penseurs de la société politique de la fin du Moyen Âge, les universitaires parisiens cherchèrent à faire de la « cité des lettres », la cité des maîtres, et participèrent activement, aux côtés du pouvoir royal, à la genèse de l’État moderne.



jeudi 24 mars 2016
à 19 h

« La Inquisición de España »

une conférence en espagnol de Naïma BATAILLE, professeure en classes préparatoires au lycée Faidherbe.

Mise en place par les Rois catholiques à la fin de la Reconquête et du Moyen-Age en Espagne, le tribunal du Saint-Office sert jusqu’au dix-neuvième siècle les intérêts de la Monarchie espagnole, offrant ainsi, selon l’historien Bartolomé Bennassar, « l’alliance du trône et de l’autel » et en distinguant et divisant profondément et durablement les Espagnols entre eux, par l’intimidation et la suspicion. Dès le XVIème siècle, la littérature espagnole rend compte de la présence de l’Inquisition, et surtout de la peur qu’elle suscite dans la société.



mardi 22 mars 2016
à 19 h

« LE MYTHE D’ALEXANDRE LE GRAND - Alexandre le Grand et les croisades dans les romans médiévaux »

une conférence de Catherine GAULLIER-BOUGASSAS, professeure de Langue et Littérature médiévale à l'Université Charles-de-Gaulle Lille III.

Alexandre le Grand, jeune roi macédonien de la fin du IVe siècle av. JC, fut un extraordinaire conquérant d’un vaste empire qui allait de la Grèce aux portes de l’Inde. Très tôt, les victoires du Granique ou d’Issos ont servi la mythologie d’Alexandre le Grand. C’est cette mythologie que Catherine Gaullier-Bougassas entend analyser à travers les romans médiévaux. En effet, les littératures européennes des XIe – XVIe siècles ont construit un véritable mythe médiéval d’Alexandre. A cette occasion, la figure du conquérant macédonien a offert un vaste miroir de l’Orient au moment où l’Occident s’engageait dans les Croisades. En somme, cette littérature et cette Histoire sont l’occasion d’explorer le regard que l’Occident portait alors sur l’Orient.



jeudi 17 mars 2016
à 18 h 30

« L’empreinte chrétienne en Gaule du IVe au VIIe siècle »

une conférence de Michèle GAILLARD, professeure en Histoire médiévale à l'Université de Lille III, auteur de "L'empreinte chrétienne en Gaule du IVe au IXe siècle", Turnhout, Brepols, 2014.

Le succès du christianisme et l’implantation de l’Église provoquèrent du IVe jusqu’au VIIIe siècle d’importants bouleversements dans les paysages, urbains d’abord puis ruraux ensuite. Ces bouleversements ne nous sont décrits que de façon très partielle par les textes et rares en sont les témoins encore visibles dans nos paysages. Ces dernières décennies le développement de l’archéologie « chrétienne » c’est-à-dire de l’archéologie des lieux de culte chrétiens nous permet de mieux comprendre comment le christianisme apporta sa marque aux paysages ruraux et urbains du haut Moyen Âge avec des édifices souvent impressionnants par leur taille et par leur décor.



jeudi 25 février 2016
à 19 h

« Pour aller tous au paradis ? Les rois francs et Saint-Michel (milieu VIIIe-XIIIe siècle) »

une conférence de Esther DEHOUX, maîtresse de conférence en histoire du Moyen-Age à l'Université de Lille III, auteur de "Saints guerriers. Georges, Guillaume, Maurice et Michel dans la France médiévale, XIe-XIIIe siècle", PUR, 2014.

Le lien entre le royaume de France et l’archange Michel est souvent considéré comme une réalité des derniers siècles du Moyen Âge, une réponse au choix, par les Anglais, de se placer sous la protection d’un autre saint vainqueur de dragon, saint Georges. Or, il est établi bien avant, dans la seconde moitié du VIIIe siècle, affirmé à l’époque carolingienne et repris par les Capétiens. Il s’agira, par l’étude de textes variés, des prières aux chansons de geste sans négliger les chroniques et les actes de la pratique, mais aussi d’images, de préciser le sens et la portée de cette association puis la persistance de celle-ci après 987, quand les Capétiens récupèrent, à leur profit, pour l’affirmation de leur lignée et l’affermissement de leur autorité, l’héritage idéologique carolingien.



mardi 26 janvier 2016
à 19 h

« La promesse de l'Est. Espérance nazie, ingéniérie sociale et génocide. 1939-1944. »

une conférence de Christian INGRAO, chercheur au CNRS, ancien directeur de l’Institut d’Histoire du Temps Présent, auteur de "Croire et détruire" (2010), "Les Chasseurs noirs" (2006).

Entre le 1er septembre 1939 et l’été 1943, les hiérarchies nazies ont conquis un vaste empire. Les militants et les fonctionnaires qui les peuplaient se sont convaincus qu’ils vivaient un hic et nunc, l’un de ces si rares moments dans l’histoire, où l’incroyable allait survenir, où des temps de l’inédit allaient survenir, ceux où la promesse impériale, celle de la refondation sociobiologique de la Germanité allait s’accomplir. Il s’agira d’étudier les acteurs de cette immense opération d’ingéniérie socio-raciale, qui, à grand renforts de déplacements de population, de pratiques meurtrières, mais aussi de politiques de construction, d’aménagements et de soutien à certaines catégories de population, tentait de faire advenir le millenium racial. Il s’agira enfin de montrer en quoi cette promesse nazie fut le cauchemar de l'Europe.



mercredi 13 janvier 2016
à 19 h

« Vers l’effacement de l’Union Européenne ? »

une conférence de Pierre VERLUISE, docteur en géopolitique, directeur de diploweb.com, chercheur associé à la Fondation pour la Recherche Stratégique, enseignant à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne.

Au vu des paramètres démographiques, économiques et stratégiques, l’Union Européenne s’efface progressivement. En effet, son poids relatif est à la baisse pour chacun de ces paramètres de la puissance. L’actualité nous invite à réfléchir sur la place de l’Union Européenne dans le monde. Pis, l’effacement de l’UE pourrait s’accentuer. Il semble donc plus qu’urgent de prendre la mesure de cette menace.



mardi 15 décembre
à 19 h

« Le retour du loup : non sens ou opportunité ? »

une conférence de Jérôme BURIDANT, professeur de géographie à l’Université de Picardie Jules Verne et spécialiste de la géohistoire des environnements forestiers.

Disparu officiellement du territoire national depuis 1937, le loup (Canis lupus L.) est revenu d'Italie en 1992. Sa progression est régulière, et l'on estime les effectifs actuels à plus de 300 individus. Des Alpes du sud, l'espèce a désormais atteint les Pyrénées, le Massif central, les Vosges, et en plaine les départements de l'Aube, de la Meuse et de la Marne. Sa présence en région Nord-Picardie apparaît donc inéluctable, pour la prochaine décennie. Le retour du loup soulève de très importants débats. Quel est l'impact actuel de la prédation sur l'élevage et sur la faune sauvage ? Peut-on véritablement concilier la présence du loup et les activités pastorales traditionnelles ? Le loup présente-t-il un danger pour l'Homme ? Pourrait-il être à nouveau le vecteur de la rage ? L'animal peut-il jouer un rôle efficace dans l'équilibre des écosystèmes ? Peut-il devenir un élément de marketing territorial ? De facto, le développement des populations lupines devient un choix de société qui va orienter le développement futur de territoires ruraux, tout comme la dynamique des paysages. Cette communication confrontera des données géohistoriques aux données actuelles, pour tenter d'éclairer ces questions.



mardi 8 décembre
à 19 h

« La reine Clotilde (472/480-544/548) : place et rôle des élites féminines dans le monde Franc »

une conférence de Emmanuelle SANTINELLI-FOLTZ, maîtresse de conférence en histoire médiévale à l'Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis, CALHISTE – EA 4343.

Si la société franque, comme d'autres, est dominée par les hommes, principalement éclairés par la documentation, les femmes n'en sont pas pour autant ignorée par celle-ci ni réduites à la passivité. La conférence s'attache à montrer la place et le rôle des élites féminines à partir du cas de la reine Clotilde, dont la mémoire collective ne retient que son rôle dans la conversion au catholicisme de son mari, le roi Clovis (v. 481-511), alors qu'il est beaucoup plus divers. Le dossier documentaire qui l’éclairent n'est pas sans poser de multiples problèmes d'interprétation, mais il peut être repris, à la lumière des travaux historiques récents sur les femmes en général, les reines en particulier et le genre, tout en tenant compte de l’approche aujourd’hui complètement renouvelée de la période et des sources. Malgré son imprécision et ses lacunes, il montre que Clotilde connait le destin de la majorité des femmes de son temps : jeune fille, elle est vouée au mariage, puis connait le veuvage. Son statut de princesse (burgonde) et de reine (des Francs) la distingue néanmoins du commun des mortels et lui confère un rôle particulier. On le précisera en analysant successivement sa place et son rôle aux différentes phases de sa vie : d'une part, son mariage créateur d'alliance entre Francs et Burgondes; d'autre part, ses fonctions, domestiques et politiques, aux côtés de Clovis; enfin, son rôle de reine mère, après la mort du roi.



vendredi 4 décembre
à 18 h

« La "révolution mathématique" du XVIIIe siècle en France et en Angleterre »

une conférence de Jean-Pierre LUBET, membre de l’Institut de Recherche sur l’Enseignement des Mathématiques (Université de Lille I).

En développant un nouveau type de calcul, capable de prendre en compte des éléments infinitésimaux, Newton et Leibniz accomplissent à la fin du XVIIe siècle, une véritable révolution mathématique. Des oppositions se manifestent d’abord, mais la fécondité des nouvelles méthodes finit par convaincre le monde savant, et pendant le XVIIIe siècle les mathématiques étendent considérablement leur domaine d’intervention. Après la physique et la mécanique céleste, les questions politiques et sociales ne devraient-elles pas, à leur tour, être éclairées par le nouveau calcul ? C’est en tout cas l’avis de certains philosophes et mathématiciens. Controverses, échanges épistolaires, diffusion de traités et d’encyclopédies, présence accrue dans les enseignements : nous évoquerons le foisonnement des idées mathématiques en France et en Angleterre au cours du XVIIIe siècle.



jeudi 3 décembre
à 19 h

« Histoire et mémoire d'une contestation à la politique royale : les Camisards, de la guerre des Cévennes à la Révolution »

une conférence de Céline BORELLO, maître de conférences HDR en histoire moderne, université de Haute-Alsace.

La guerre des Cévennes qui agite ce territoire ainsi que le Bas-Languedoc durant la première décennie du XVIIIe siècle est un des premiers signes tangibles de l’échec juridique que constitue la révocation de l’édit de Nantes. Elle révèle la persistance de la foi protestante dans le royaume et est l’occasion, pour les Camisards, de montrer leur contestation face à la loi du roi. De fait, le propos vise non seulement à comprendre les raisons qui ont poussé cette population paysanne méridionale à prendre les armes contre leur monarque mais aussi à appréhender comment, malgré un rapport de force favorable, la révolte a été matée par l’armée royale au prix d’une violence extrême. Cette guerre, au-delà du moment même de l’événement, reste donc un temps dont le souvenir demeure fort tout au long du siècle à la fois pour les protestants, partagés quant à l’usage à en faire, et pour les autorités politiques et religieuses, promptes à assimiler parfois les huguenots à des rebelles.
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lundi 30 novembre
à 18 h

« La chimie, les savants et l’État au milieu du XVIIIe siècle »

une conférence de Rémi FRANCKOWIAK, maître de conférences HDR en Histoire des Sciences et Épistémologie, directeur des études du Master « Journaliste et scientifique » et responsable scientifique de la bibliothèque numérique IRIS à l’Université de Lille 1.

L’utilité de la science est un thème courant depuis la fin du XVIIe siècle. Au XVIIIe siècle, ce n’est plus forcément le Public qui doit en être le premier bénéficiaire mais les Pouvoirs Publics. Il s'agit désormais de servir une politique scientifique visant le développement économique du pays. Un savant de l'Académie est alors intégré, plus ou moins officiellement, dans l’appareil bureaucratique de l’État, en totale indépendance vis-à-vis de son institution d’appartenance. Son poste et ses fonctions sont inédits, et l’utilité de ce savant est ici entendue comme expertise, contrôle, conseil, réglementation, normalisation, promotion des activités en lien avec la science et la technique pour le compte du Conseil du Roi. Nous suivrons cette évolution à travers la chimie qui est alors la science la plus utile et dont la pratique se répand dans la société française.



jeudi 19 novembre
à 18 h

« Des plantes aromatiques aux sirènes : la révolution de la classification du vivant au XVIIIe siècle »

une conférence de Baptiste MATHIEU, PRAG en biologie à l’Université de Lille 1.

Comment ordonner la diversité du vivant ? Comment classer, ordonner les plantes et les animaux de l'environnement ? Que faire des anges, des sirènes, des chimères ? Depuis l'Antiquité, l'Homme n'a de cesse de changer ses systèmes de classifications, depuis des intérêts pharmacologiques jusqu'à une volonté de classifier la création divine. Mais à l'aube du XVIIIe siècle, des scientifiques vont petit à petit s'affranchir des dogmes religieux et dépasser les pensées essentialistes pour proposer les prémices de l'une des plus grandes théories de la biologie : la théorie de l'évolution.



jeudi 12 novembre
à 18 h

« La réception de Locke et de Leibniz dans la philosophie française du XVIIIe siècle »

une conférence de Marc PARMENTIER, maître de conférences en Philosophie à l’Université de Lille 3. Il a écrit "Liebniz-Locke : une intrigue philosophique : les Nouveaux Essais sur l’entendement humain", Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2008.

Locke et Leibniz sont deux auteurs majeurs de la seconde moitié du XVIIe siècle dont les systèmes s'opposent. Tous deux joueront pourtant un rôle central dans les débats philosophiques du siècle des Lumières. Locke inaugure une nouvelle méthode philosophique en renouvelant l'empirisme ; Leibniz porte sur le devant de la scène philosophique la question de l'optimisme. L'exposé s'attachera en particulier aux textes que Voltaire consacre à l'un et à l'autre.



lundi 9 novembre
à 19 h

« Le Directoire (1795-1799) peut-il être tenu pour un régime

révolutionnaire ? »

une conférence de Laurent BRASSART, agrégé et docteur en histoire, maître de conférences en histoire moderne à l’Université de Lille III.

Coincé entre la Convention nationale (1792-1795) et le moment napoléonien (1800-1815), le régime républicain du Directoire n’a jamais eu bonne presse. Au XIXe siècle, les frères Goncourt lui portent même le coup de grâce devant la postérité avec leur ouvrage à succès, Histoire de la société française pendant le Directoire (1855), dans lequel ils dépeignent un régime faible, corrompu, uniquement préoccupé de garantir à une oligarchie « bourgeoise » une vie frivole de plaisirs, si éloignée de la Vertu républicaine de l’an II et des accents martiaux de l’Empire. La représentation a fait fortune depuis.

Pourtant, depuis une quinzaine d’années, l’historiographie a largement revisité cette « légende noire ». La République directoriale apparaît sous un jour nouveau, celui d’un laboratoire de la modernité : modernité politique d’abord avec l’essai d’invention d’un régime représentatif, la construction d’une Europe sur le fondement d’une association de Républiques Sœurs et la mise en place de la conscription ; modernité économique ensuite avec la première grande réorganisation fiscale depuis la Révolution, la mise en place de nouvelles institutions et l’affirmation de nouvelles théories ; modernité culturelle enfin, au sein de laquelle l’essai de laïcisation de l’espace public et le triomphe d’une science d’état furent quelques uns de ses legs durables. Véritable laboratoire, le Directoire fut finalement à l’origine de la plupart des grandes réussites civiles et militaires de l’Empire - des lycées au code civil en passant par à la construction de la Grande Armée, notamment – et du régime républicain français après 1875.



lundi 2 novembre
à 18 h

« Le développement de l’éclairage public à Lille (XVIIe- XVIIIe siècles) »

une conférence de Sophie RECULIN, ATER et doctorante en Histoire moderne à l’Université de Lille 3, Institut de Recherches Historiques du Septentrion - UMR 8529.

Lille, où se dresse la « reine des citadelles » constitue un exemple original dans le dispositif des villes qui s’éclairent depuis le règne de Louis XIV. Le développement de l’illumination publique y est plus précoce et la modernisation technique plus rapide que dans le reste du royaume. Dès les années 1720, tandis que la majeure partie des villes continue de s’éclairer à la lanterne à chandelle, la capitale de la Flandre wallonne installe ses premières lampes à huile sur le modèle bruxellois. A la suite du concours lancé par l’Académie des Sciences (1763-1766) sur la meilleure manière d’éclairer les rues d’une grande ville, auquel Lavoisier participe, la lumière des réverbères détrône bientôt celle des anciens luminaires. Le procédé de fabrication des nouvelles lanternes devient le monopole d’un petit groupe d’experts parisiens de plus en plus contesté. Mais plutôt que de faire appel à ces derniers, la municipalité lilloise décide de privilégier les entrepreneurs locaux et la production régionale.



vendredi 2 octobre
à 18 h

« Lumière, conceptions du monde et société dans la France et l’Angleterre au XVIIIe siècle »

une conférence de Bernard MAITTE, professeur émérite de l'Université de Lille 1, fondateur et ancien directeur du Forum des Sciences à Villeneuve d’Ascq, fondateur du centre d’histoire des sciences et d’épistémologie de Lille 1.

A la fin du XVIIème siècle, trois systèmes du monde se combattent en Europe. Les conceptions aristotéliciennes perdent de plus en plus de terrain, les physiques de Descartes (qui postule un monde plein) et de Newton (un monde vide) s’affrontent. Les positions de Locke et de Malebranche conduisent à donner une importance nouvelle à tout ce qui a été oublié par « les grands systèmes ». Les arguments échangés sont d’ordres théologiques, philosophiques, mécaniques…; les expériences et prévisions effectuées passionnent non seulement les savants mais aussi toute une catégorie d’oisifs. Les premiers rédigent livres ou articles des Encyclopédies, organisent des expériences publiques, tous, dans les salons, échangent les idées les plus folles. La Révolution française, voit la victoire d’un système de Newton revisité. Nous suivrons ces mutations en prenant comme fil conducteur l’histoire des théories de la lumière.

Les derniers livres de Bernard Maitte sont :

- Histoire de l’arc-en-ciel, Paris, Seuil, Science-Ouverte, 2005.

- Histoire des cristaux, Paris, Hermann, 2014.

- Une histoire de la lumière, de Platon au photon, Paris, Seuil, Science-Ouverte, 2015.




jeudi 1er octobre
à 19 h

« La caricature, une spécificité française ? XVIe - XXIe siècles »

une conférence de Annie DUPRAT, professeure émérite d'histoire moderne à l'Université de Cergy-Pontoise, auteure de "Les rois de papier. La caricature de Henri III à Louis XVI", Belin, 2002.

La caricature est d'abord un langage graphique, plus ou moins complexe, souvent accompagné  de texte. Insérée dans un journal ou un pamphlet, ou vendue à la pièce ou encore placardée sur les murs, elle n'a pas pour premier objet de faire rire, mais d'attaquer, de dénoncer le pouvoir, les puissants, les désastres de la guerre, les financiers, le clergé et ses abus, par le biais de l'ironie et de la dérision. Elle s'insère dans un registre plus vaste, celui des "mondes à l'envers médiévaux, qui perdurent à l'époque moderne, celui des épigrammes, sotties et autres textes lapidaires et critiques, ou encore celui des fabulistes. En France, ce pays qui préfère Mandrin aux "Messieurs de Grenoble" et les voleurs aux gabelous, elle prospère, pas seulement parce qu'elle met "les rieurs de son côté". Elle représente un contre-pouvoir et le pouvoir se casse souvent les dents à vouloir l'étouffer ou même simplement la contrôler. Quelques unes sont devenues si célèbres dans notre imaginaire qu'il suffit de dire "l'ordre règne à Varsovie" pour voir surgir la litho de Granville ou encore "Ils en ont parlé" et penser à l'affaire Dreyfus vue par Caran d'Ache.




 

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